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Affaire Madoff: l'escroc de Wall Street, fixé lundi sur son sort

Publié le 01/01/2001 01:00
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Le plus grand escroc de Wall Street, Bernard Madoff, sera fixé lundi à New York sur la sentence que lui réserve la justice américaine et pourrait écoper d'au moins vingt ans d'emprisonnement, presque l'équivalent vu son âge (71 ans), d'une condamnation à perpétuité.

L'ancienne coqueluche des milieux financiers, qui a jonglé pendant trente ans avec les milliards de dollars confiés par des banques ou des organisations caritatives, est passible au total de 150 ans de prison.

Il avait plaidé coupable le 12 mars dernier des 11 chefs d'inculpation, dont fraude, parjure, blanchiment d'argent et vol. Madoff est depuis incarcéré, bien loin du confort de son luxueux appartement de l'Upper East Side (nord est de Manhattan).

Le financier a avoué n'avoir jamais investi un centime des sommes qu'il avait en portefeuille. Il avait monté un "schéma de Ponzi" --nom d'un de ses prédécesseurs des années 20--, une cavalerie financière qui consistait à rémunérer les investisseurs avec l'argent déposé par de nouveaux clients.

Le système a fonctionné jusqu'au jour où les demandes de retrait ont explosé avec la crise de l'automne 2008, et où il n'a plus été capable de faire face.

En plaidant coupable, il évite un procès devant jury. Le public présent au tribunal entendra des victimes, puis la sentence prononcée par le juge Denny Chin, dans le procès pénal que lui intente le gouvernement.

D'après les experts judiciaires interrogés par l'AFP, Madoff pourrait écoper d'une peine avoisinant les 20 ans de prison.

"Je prédis qu'il sera condamné à 20 ans de prison ou plus, peut être 25 ans", avance Bradley Simon, un ancien procureur devenu avocat. "Cela revient quasiment à la prison à vie pour quelqu'un âgé de 71 ans".

Même en bénéficiant "seulement" d'une peine de 20 ans et d'un régime de réduction de peine, Madoff ne sortirait pas avant ses "88 ans", renchérit un autre ancien procureur, William Devaney.

Les deux juristes soulignent par ailleurs le fait que l'ancien baron de la finance risque de ne pas pouvoir être éligible à des prisons "aménagées", aux conditions de vie plus souples, et qu'il devra donc côtoyer le tout venant des établissements carcéraux américains, une société bien différente de celle qu'il fréquentait jusque là.

L'avocat de Madoff, lui, demande l'indulgence : une peine de 12 ans de prison seulement, un peu moins des "13 ans qui lui restent à vivre", selon les statistiques américaines d'espérance de vie.

L'affaire avait éclaté le 11 décembre dernier. En fin d'après-midi, un communiqué laconique des autorités annonçait l'arrestation d'un courtier célèbre, PDG de l'entreprise "Bernard Madoff Investment Securities" (BMIS).

L'homme, un millionnaire vénéré au sein de l'élite juive de New York et Palm Beach (Floride, sud-est), avait réuni ses deux fils la veille, et leur avait déclaré qu'il "n'avait plus rien et avait perdu environ 50 milliards de dollars", selon le court document.

Assigné à résidence, l'ancien roi de Wall Street a pu suivre la découverte de l'ampleur du désastre : ses clients étaient partout, de la banque Santander en Espagne à la Fondation Elie Wiesel aux Etats-Unis, des vedettes de Hollywood aux retraités qui lui avaient confié leurs économies.

Au total, selon les enquêteurs, 13 milliards de dollars lui ont été confiés. Les chiffres de 50 à 65 milliards se réfèrent aux gains qu'auraient engendré ces sommes si les intérêts avaient été réels.

Après le volet pénal, d'autres instances, civiles, attendent Madoff. Et l'audience ne permettra pas de connaître les montants à restituer : la justice se dit incapable de les chiffrer, et les procureurs ont demandé un délai de trois mois, au terme duquel "la Cour ordonnera la restitution (de l'argent) ou décidera que la restitution est impossible".

Liquidateur judiciaire et enquêteurs cherchent l'argent, mais ils n'ont identifié qu'un milliard en saisissant divers biens des époux Madoff, maisons et yachts à Palm Beach ou en France, bijoux ou comptes bancaires.

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