PARIS (Reuters) - Les principaux syndicats sont restés discrets jeudi sur un renforcement du contrôle des chômeurs, dont la généralisation a été actée à l'unanimité moins deux abstentions, la CGT et Force ouvrière (FO), par le conseil d'administration de Pôle Emploi.
Le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, a défendu jeudi sur France 2 un système qui séparera dans cet organisme, à partir de septembre, les fonctions de contrôle de la recherche d'emploi et d'accompagnement des chômeurs.
"Ce n'est pas un dispositif de lutte contre la fraude (...) C'est pour accompagner davantage", a-t-il déclaré, reprenant à son compte les arguments de la direction de Pôle Emploi.
"Il y a beaucoup de chômeurs qui aujourd'hui se découragent à juste titre", a-t-il ajouté. "Donc la question c'est comment on les aide à retourner vers l'emploi."
Interrogé par BFM TV, le ministre du Travail a pour sa part rejeté l'idée que le nouveau système, expérimenté jusqu'ici dans trois régions et un nombre limité d'agences, ait pour objectif de dégonfler les chiffres du chômage en augmentant le nombre de chômeurs radiés pour défaut de recherche d'emploi.
"C'est un procès d'intention", a dit François Rebsamen, pour qui il faut avant tout comprendre pourquoi des chômeurs cessent de chercher un travail. "Ce n'est pas à caractère punitif."
Le conseil d'administration de Pôle Emploi a voté mercredi en faveur du redéploiement de 200 de ses agents, qui seront chargés exclusivement du contrôle de la recherche de travail, ce qui libérera ses 22.000 autres conseillers de cette tâche.
Ces 200 agents seront en mesure de contrôler environ 180.000 chômeurs par an, dont au moins un tiers de façon aléatoire, sur environ 5,6 millions de demandeurs d'emploi inscrits à ce jour à Pôle Emploi, estime cet organisme. Leur nombre variera selon les régions, de deux en Corse à 33 en Ile-de-France.
RADIATION TEMPORAIRE
Selon la délibération adoptée par le conseil d'administration, tous les demandeurs d'emploi, qu'ils soient ou non indemnisés, seront susceptibles d'être contrôlés.
En cas de manquement manifeste à l'obligation de recherche d'emploi, le chômeur sera passible, après tout un processus et un ultime entretien, de 15 jours de radiation, synonyme de suspension de ses indemnités. En cas de manquements répétés, la durée de la radiation pourra aller jusqu'à six mois.
Pôle emploi se conforme à la convention tripartite signée en décembre 2014 avec l'Etat et l'Unedic, organisme gestionnaire de l'assurance chômage, qui lui demandait d'améliorer sa capacité de contrôle pour "éviter les situations de décrochage".
Selon Pôle Emploi, il y a déjà aujourd'hui environ 1.000 radiations par mois pour défaut de recherche d'un travail.
"Il n'y aura pas d'objectif de radiations avec le nouveau dispositif, qui n'aura pas de véritable impact sur le nombre de radiés", assure un porte-parole de cet organisme. "Mais il y aura un impact sur la redynamisation de la recherche d'emploi. C'est plus à ce niveau-là que l'on attend des résultats."
"C'est un des effets positifs que nous avons pu constater pendant l'expérimentation : 70% des radiés se sont réinscrits moins de trois jours après la fin de la sanction. Ils ne sont donc pas sortis du système", ajoute-t-on de même source.
Un premier bilan sera effectué six mois après l'entrée en vigueur du nouveau système, dont la mise en place doit encore faire l'objet d'un dialogue social au sein de Pôle Emploi.
Le syndicat Sud de Pôle Emploi, qui dénonce la création d'une "police anti-chômeurs", dit redouter une augmentation des "tensions et agressions" avec sa mise en place.
(Emmanuel Jarry, édité par Yves Clarisse)