Les ministres des Finances de cinq pays européens, dont l'Allemagne et la France, ont rendu publique vendredi à Séoul une déclaration conjointe pour tenter de ramener la confiance sur les marchés, inquiets de la situation politique et financière de l'Irlande.
Dans ce texte technique, publié en marge du sommet du G20 à Séoul, les ministres ne citent pas l'Irlande ni aucun pays.
Ils rappellent l'état des discussions entamées au niveau de la zone euro sur des mécanismes de résolution de futures crises, en précisant qu'elles ne concernaient en rien la situation actuelle de certains pays endettés. "Tout nouveau mécanisme n'entrera en vigueur qu'après la mi-2013, sans aucun impact quelqu'il soit sur les dispositions actuelles", indique ce texte signé des ministres allemand, français, espagnol, italien et britannique.
Sur proposition franco-allemande, les 27 chefs d'Etat et de gouvernement de l'UE ont accepté fin octobre le principe d’une révision limitée du traité de Lisbonne pour pérenniser le mécanisme de sauvetage d’un Etat en faillite.
Ce nouveau mécanisme devrait aussi intégrer une procédure codifiée de défaillance d'un Etat, destinée à faire payer les déroutes financières aux banques détenteurs de dette publique, et plus seulement aux contribuables.
Le président de la Banque centrale européenne Jean-Claude Trichet avait alors exprimé un certain nombre de réserves à ce sujet, sans toutefois en préciser la nature.
Mais selon le Financial Times, citant des sources diplomatiques, M. Trichet a mis en garde contre les conséquences sur les marchés d’un débat, même court, sur ce mécanisme et la perspective d’une restructuration de la dette des pays en difficulté alors que la reprise reste fragile et que les marchés financiers sont toujours tendus.
Jeudi, les taux des emprunts à dix ans de l'Irlande étaient à la hausse pour le 13e jour consécutif et frôlaient les 9% pour la première fois depuis la création de la zone euro, avec un différentiel lui aussi jamais vu avec le Bund allemand à 10 ans, qui sert de référence sur le marché obligataire.
Signe de la préoccupation des partenaires européens de Dublin, le président de la Commission européenne José Manuel Barroso a assuré depuis Séoul qu'"en cas de nécessité", l'Union européenne était "prête à soutenir l'Irlande".
Les marchés s'inquiètent aussi de la situation politique de l'Irlande où la majorité du Premier ministre Brian Cowen est fragile, alors que le Parlement doit voter début décembre un budget d'austérité sans précédent visant à réduire l'énorme déficit public.