Les banques italiennes Banco popolare et Banca popolare di Milano (BPM) ont annoncé mercredi soir leur fusion, une opération très attendue qui va donner naissance d'ici décembre à la troisième banque italienne.
Ce rapprochement doit donner le coup d'envoi de la consolidation d'un secteur bancaire italien très éclaté avec plus de 700 établissements différents. Son retard, de même que l'importance des créances douteuses détenues par les banques italiennes, ont contribué à l'effondrement des valeurs bancaires à Milan en début d'année.
"Nous sommes particulièrement heureux d'avoir réussi, après un processus compétitif et dans un contexte de marché aussi sévère et négatif, à lancer une opération extraordinaire aussi significative que l'intégration de Banco popolare et Banca popolare di Milano", a déclaré le président de Banco popolare Carlo Fratta Pasini.
Le lancement de ce projet a pris plus longtemps que prévu en raison des exigences formulées par le superviseur bancaire européen (MES), qui travaille sous l'égide de la Banque centrale européenne (BCE).
Le MES avait dit voir d'un bon œil cette fusion, mais avait indiqué travailler "très dur avec les collègues italiens pour être sûr de poser les conditions adéquates" à ce rapprochement. La banque nouvellement créée "devra être solide dès le début", avait insisté sa présidente Danièle Nouy.
"Il faut qu'elle soit un succès, précisément car elle pourrait bien être la première d'une série de plusieurs autres", avait-elle ajouté.
Le MES exigeait notamment la démonstration que le patrimoine de la nouvelle banque soit suffisant au regard des crédits en souffrance, importants notamment chez Banco Popolare. Cet établissement devra ainsi procéder à une augmentation de capital d'un milliard d'euros.
Les deux banques ont ensemble une capitalisation boursière de quelque 5,5 milliards d'euros. Elles compteront 171 milliards d'actifs (quelque 121 milliards aujourd'hui pour BP (LON:BP) et 50 pour BPM), 2.500 agences --1.850 aujourd'hui pour Banco Popolare, 655 pour BPM --, 4 millions de clients, et 25.000 employés.
Concernant la gouvernance, le conseil d'administration sera composé de 19 membres pendant trois ans, puis de 15 ensuite, mélangeant BP, BPM et indépendants.
La banque aura deux sièges, l'un légal à Milan, l'autre administratif à Vérone.
Le projet de fusion doit être mis en œuvre d'ici décembre 2016. Aux actionnaires de BP seront assignés 54% du nouveau groupe, et à ceux de BPM 46%.
- "Les réformes fonctionnent" -
"A la difficulté et à la complexité d'une opération de ce genre s'est ajouté le fait qu'il n'existait pas, en relation avec l'accord préliminaire nécessaire de la BCE, de pratiques ou seulement des précédents auxquels se référer", a souligné M. Fratta Pasini.
"L'opération, nécessairement conclue en pleine conformité avec les prescriptions du MES, démontre que notre système économique est vif et réactif", a-t-il ajouté.
"Les réformes fonctionnent, les (banques) coopératives changent: plus grandes, plus fortes, plus transparentes", s'est félicité sur son compte Twitter le ministre de l'Economie, Pier Carlo Padoan, qui avait apporté vendredi son appui au projet, "accueilli favorablement par tous les actionnaires et les investisseurs".
Les dix plus grandes banques coopératives italiennes sont incitées à se rapprocher depuis le vote il y a un an d'une loi modifiant leurs règles de gouvernance.
Alors que les actionnaires de ces banques disposent jusqu'à présent d'un droit de vote identique quelle que soit la part de capital possédée, la loi impose aux dix établissements concernés de modifier leur statut d'ici juillet pour accorder des droits de vote en fonction de la part détenue dans le capital. Ces changements peuvent favoriser des prises de contrôle par d'autres groupes, ce qui conduit les banques italiennes à vouloir mettre en œuvre des fusions dites défensives.
Dans l'immédiat, aucun autre important rapprochement ne semble en cours. En février, le directeur général d'Ubi Banca, Victor Massiah, avait exclu pour le moment une fusion avec BMPS (Monte dei Paschi di Siena), dont les observateurs avaient beaucoup parlé, en estimant que "les conditions n'étaient pas réunies".