Les Bourses européennes et asiatiques ont reculé mercredi, mises sous tension par les troubles dans le monde arabe, qui font flamber les cours de l'or noir et risquent de se propager à d'importants pays producteurs de pétrole comme l'Iran et le Koweït.
Les places européennes et asiatiques faisaient grise mine: les Bourses de Paris (-0,81%), Francfort (-0,58%), Londres (-0,35%) et Madrid (-1,10%) ont clôturé en baisse, tout comme auparavant Tokyo (-2,43%) et Hong Kong (-1,49%).
"Les craintes liées à l’embrasement du monde arabe" font chuter le marché, a résumé à Paris François Duhen, analyste au Crédit Mutuel CIC.
En forte baisse la veille (-1,38%), sous le coup de l'envolée du pétrole, la Bourse de New York a ouvert mercredi proche de l'équilibre, avant de repartir en légère hausse.
Pour Christian Parisot, économiste chez Aurel, "même si l'Arabie saoudite, premier producteur de produits pétroliers dans le monde, s'est engagée à assurer la stabilité du marché, les investisseurs demeurent inquiets et craignent toujours une pénurie".
Des craintes qui ont engendré mercredi matin une nouvelle envolée du baril au-dessus des 100 dollars en Asie. A New York, le baril a atteint 100,46 dollars, non loin de ses niveaux les plus hauts de la semaine dernière.
"La production pétrolière est actuellement au plus bas" en Libye, a reconnu Mouammar Kadhafi. Il a menacé de remplacer les compagnies pétrolières occidentales ayant quitté le pays par des sociétés chinoises et indiennes.
Les places financières des pays arabes du Golfe ont également glissé: la Bourse de Koweït (-2,6%) a atteint son niveau le plus bas depuis six ans et celle de Dubaï (-3,5%) depuis sept ans. La Bourse d'Arabie saoudite a chuté de 3,9%.
Pour Gordon Kwan (Mirae Asset Securities), "ce serait une erreur de se focaliser sur les risques engendrés par une éventuelle baisse à court terme de la production pétrolière. Le vrai problème, c'est la déstabilisation et les changements de régime éventuels dans tout le Moyen-orient et toute l'Afrique du Nord".
Car la contestation monte et se propage.
"Le marché regarde de très près si les troubles se propagent à l'Iran", quatrième producteur mondial de pétrole, a déclaré Kazuhiro Takahashi, analyste chez Daiwa Securities Capital Markets.
Des affrontements ont opposé en Iran les forces de sécurité à des civils réclamant la libération de deux chefs de l'opposition, la pression est montée d'un cran au Koweït avec des appels à la révolte et les manifestations se sont poursuivies dans le sultanat d'Oman.
En Libye, où l'insurrection est entrée dans sa troisième semaine, le colonel Kadhafi s'accroche au pouvoir. Il a promis des milliers de morts en cas d'intervention des Occidentaux et envoyé troupes et avions de chasse à l'attaque dans l'Est contrôlé par les insurgés.
Ces tensions croissantes poussent les investisseurs à privilégier les actifs perçus comme les plus sûrs, au premier rang desquels figurent le franc suisse et l'or.
L'once d'or a enregistré un nouveau record, à près de 1.438 dollars, et le cours de l'argent s'est hissé à 34,90 dollars, son plus haut niveau depuis février 1980.
Le métal jaune est poussé à de nouveaux records par l'aversion des investisseurs pour le risque, "alors que la Libye semble s'enfoncer vers la guerre civile", commente Ian O'Sullivan, expert de la société financière Spread Co.
L'euro était en légère hausse face au dollar, toujours soutenu par des spéculations sur une hausse des taux de la Banque centrale européenne (BCE), mais restait cantonné autour de 1,38 dollar.