PARIS (Reuters) - La gauche anti-Hollande a plaidé durant le week-end pour une seule candidature alternative à l'élection présidentielle, mais la dispersion des ambitions fragilise un peu plus encore le projet d'une "grande primaire de toute la gauche".
Le Premier ministre, Manuel Valls, a dénoncé dimanche un processus "irresponsable", des "chicaneries", de "petites manoeuvres", de "petites ambitions".
Invité du "Grand Rendez-Vous" Europe 1-Les Echos-iTELE, il a mis en garde cette "gauche divisée, fracturée, dont le seul objectif est de savoir comment empêcher François Hollande d'être candidat ou de le battre à la primaire". "Face à l'extrême droite, on ne participe pas à la division", a-t-il dit.
Réunis à La Rochelle (Charente-Maritime), les "frondeurs" de l'aile gauche du Parti socialiste ont plaidé pour la convergence et le rassemblement sans perdre l'espoir que les prétendants à l'Elysée, Benoît Hamon, Marie-Noëlle Lienemann, Gérard Filoche, Arnaud Montebourg, trouvent un terrain d'entente d'ici la primaire du PS et de "Belle Alliance populaire" en janvier.
Le mouvement "A Gauche pour gagner" a adopté samedi un appel invitant le Parti communiste, Europe Ecologie-Les Verts (EELV) et Jean-Luc Mélenchon, candidat de "La France insoumise", à participer à une primaire unique, perspective qu'ils rejettent.
"Il y a la primaire de la droite, il doit y avoir la primaire de la gauche, pas une primaire réservée aux socialises mais très largement à l'ensemble des citoyens qui se retrouvent dans les valeurs de la gauche", a expliqué le député PS Christian Paul, l'un des chefs de file des frondeurs.
MONTEBOURG POUR "UN DÉBAT AMPLE"
"C'est justement pour éviter l'éclatement de la gauche qu'il faut cette primaire", a-t-il poursuivi sur BFM TV tout en visant les ex-ministres tentés par la présidentielle -- Hamon, Montebourg et Emmanuel Macron -- "qui ont défendu les politiques menées au cours des deux ou trois dernières années".
L'ancien ministre de l'Economie Arnaud Montebourg, sans lever l'ambiguïté sur le cadre de sa candidature, a dit son soutien à "un processus de rassemblement" pour éviter "une élimination programmée" de la gauche et "un 21 avril puissance 20", en référence à l'élimination du candidat de gauche (Lionel Jospin) dès le premier tour de la présidentielle de 2002.
"C'est un processus de rassemblement et j'en prends toute ma part. Nous pouvons parfaitement nous unir à travers un processus de discussion commun", a-t-il déclaré à des journalistes.
"Le bénéfice de la primaire, c'est d'abord un débat ample qui permettra de tirer les leçons de l'échec du quinquennat, qui nous permettra de réinventer le chemin du futur", a-t-il ajouté sans plus d'indices sur ses intentions.
Le Parti socialiste doit arrêter début octobre les modalités de la primaire des 22 et 29 janvier.
L'ancien ministre de l'Education Benoît Hamon fait valoir sa détermination face à Arnaud Montebourg, favorisé par les sondages, de même que l'ancien inspecteur du Travail Gérard Filoche et Marie-Noëlle Lienemann.
"En démocratie, il n'y pas qu'une candidature", a-t-il dit à la presse.
"ENFANTILLAGES"
"C'est normal, quand la gauche est aussi déboussolée, qu'on ait des vrais débats et que le juge de paix, ce ne soit pas un petit appareil, une petite fraction d'appareil, une assemblée générale, mais le peuple dans des primaires de toute la gauche", a-t-il ajouté.
En écho, le secrétaire national du Parti communiste, Pierre Laurent, avait plaidé pour une primaire de toute la gauche et des écologistes lors de La Fête de l'Humanité, à La Courneuve (Seine-Saint-Denis), qui marque la rentrée politique du PC.
"Oui, nous avons des différences, mais nous avons tellement de choses en commun que nous devons valoriser", a-t-il lancé.
Le parti devrait se prononcer en novembre sur sa stratégie pour 2017. Les écologistes organisent pour leur part leur propre primaire.
Dans le même registre que Manuel Valls, le conseiller régional d'Ile-de-France Julien Dray, proche de François Hollande, a exhorté dimanche les détracteurs du chef de l'Etat à cesser leurs "enfantillages".
A la question de savoir dans quel cas de figure François Hollande ne briguerait pas un nouveau mandat (il doit faire connaître son choix d'ici à la fin de l'année), Julien Dray a répondu : "Un éclatement de la gauche qui fait que dès le départ elle est condamnée dans cette élection présidentielle".
"De quoi on parle dans une élection présidentielle? On ne parle pas de la carrière de Monsieur ou de Madame, on parle de la vie des gens", a-t-il lancé.
(Sophie Louet)