Légiférer ou non par ordonnances, maintenir ou remplacer le principe de précaution, pour ou contre la TVA sociale... A moins de trois semaines de leur premier débat, les candidats à la primaire de la droite se sont livrés à un tour de chauffe, en défendant, séparément, lundi à Paris, leurs propositions devant des entrepreneurs.
Six des sept candidats ont répondu présents à l'invitation des "Primaires de l'économie", organisées à la Maison de la Chimie par l’Association pour le commerce et les services en ligne (Acsel), CroissancePlus, France Biotech, France Digitale et le Mouvement des entreprises de taille intermédiaire (Meti).
Seul Jean-Frédéric Poisson, président du Parti Chrétien-démocrate, a décliné l'invitation, selon les organisateurs.
Tout au long de la journée, ils se sont relayés, sans se croiser, pour exposer leurs propositions face à un public attentif.
Point commun entre eux: la volonté de "tout dire avant pour tout faire après", une formule souvent employée par Nicolas Sarkozy, déclinée par Alain Juppé en "dire la vérité avant et pas après".
L'ex-Premier ministre est intervenu le premier en détaillant son programme économique autour du triptyque "stabilité, responsabilité et liberté". Rappelant sa volonté notamment de "supprimer le déficit structurel de budget de l'Etat dans les années qui viennent" à cause de la "fragilité considérable" de l'économie française, celui qui est l'un des favoris des sondages a ajouté: "ce n'est pas pour Bruxelles que je dis ça, c'est pour mes enfants".
Autre favori, l'ex-chef de l'Etat a remporté l'adhésion du public en indiquant qu'il défiscaliserait 60% des investissements dans les startups, une mesure qui existe en Grande-Bretagne. "Le numérique représente un atout fantastique" pour la France, a-t-il dit.
Opposée à la création d'une TVA sociale, M. Sarkozy a rappelé sa volonté de baisser "immédiatement" les charges de 34 milliards d'euros, ce qui permettra de "rétablir la compétitivité de pans entiers de l'économie".
Au contraire, Jean-François Copé s'est déclaré "grand avocat de la TVA sociale, anti-délocalisation". "Je suis convaincu que demain, c'est la TVA qui paiera l'essentiel de notre modèle social", a-t-il dit.
Le député-maire de Meaux, à la peine dans les sondages (2%), est également un ardent défenseur des ordonnances (contrairement à Sarkozy ou Juppé). Il en veut "quinze" pour réaliser ses réformes et a taclé au passage Sarkozy qui "n'a pas mis en oeuvre" pendant son quinquennat toutes celles qu'il avait promises.
Bruno Le Maire est lui aussi partisan des ordonnances "pour aller vite", pour qu'on "sente l'élan". "Ce qui me distingue des autres candidats, c'est tout ce qui a trait à la formation et à l'éducation", a-t-il assuré. Il est pour la suppression du collège unique et pour des "options professionnelles dès la sixième", pour "la fusion des lycées professionnels et centres d'apprentissage, dans des écoles de métiers", comparables aux "Grandes Ecoles" et "placées sous la direction des régions".
François Fillon veut augmenter la TVA de 2% pour compenser "un" baisse des charges radicales". "Il faut transférer une partie de la protection sociale sur la consommation et non sur le travail", a-t-il dit. Il veut également l'instauration d'une flat tax (impôt à taux unique)de 30% (impôts et CSG compris). Contrairement aux autres candidats, l’ancien Premier ministre souhaite rétablir les 39 heures dans la fonction publique. "Mon projet est moderne et parfaitement adapté à la nouvelle économie", a-t-il lancé.
Enfin, Nathalie Kosciusko-Morizet, seule femme candidate, a expliqué qu'elle était contre la suppression du principe de précaution. Sarkozy veut au contraire le remplacer par "un principe de responsabilité", Le Maire par "un principe d'innovation".