PARIS (Reuters) - Greenpeace, le Réseau sortir du nucléaire, France Nature Environnement et d'autres organisations écologistes annoncent vendredi avoir porté plainte contre Areva (PA:AREVA) NP et EDF (PA:EDF) à la suite de la détection d’une anomalie sur le réacteur 2 de la centrale nucléaire alsacienne de Fessenheim (Haut-Rhin).
Dans un communiqué, elles demandent au procureur de la République de Paris d’ouvrir une enquête préliminaire sur quatre délits, dont "usage de faux et mise en danger délibérée de la vie d’autrui".
Cette plainte fait suite à l'audit lancé après la découverte d'une anomalie sur la cuve de l'EPR de Flamanville (Manche), qui a conduit Areva à faire état d'irrégularités dans le contrôle de fabrication d’environ 400 pièces produites dans son usine du Creusot (Saône-et-Loire) depuis 1965, dont une cinquantaine seraient en service dans le parc électronucléaire français.
Sur la base de cet audit, l'Autorité de sûreté nucléaire a suspendu en juillet le certificat d'aptitude du générateur de vapeur du réacteur 2 de la centrale de Fessenheim, à l'arrêt depuis juin du fait des contrôles en cours.
Le PDF d'EDF, Jean-Bernard Lévy, a déclaré jeudi espérer que les réacteurs à l'arrêt pourraient redémarrer d'ici la fin de l'année.
A l'appui de leur plainte, les organisations anti-nucléaires reprochent à EDF et Areva NP "d’avoir mis en service un équipement à risques ne satisfaisant pas aux exigences essentielles de sécurité" et d'avoir "dissimulé cette irrégularité à l’ASN pendant un mois entre mai et juin 2016."
Selon elles, Areva NP a de plus "sciemment utilisé un faux en vue d’obtenir un certificat de conformité délivré par l’ASN".
Leur plainte porte aussi sur le chef de "mise en danger délibérée de la vie d’autrui", le risque d’accident nucléaire étant "démultiplié" par le fonctionnement de réacteurs à risques.
"Au vu de la gravité de l’anomalie détectée sur le réacteur 2, il est plus qu’urgent que les deux réacteurs soient mis à l’arrêt de manière définitive", soulignent-elles, en rappelant que le gouvernement s'est engagé à fermer Fessenheim.
(Yann Le Guernigou, édité par Yves Clarisse)