par Sophie Sassard et Mathieu Rosemain
BARCELONE (Reuters) - La Commission européenne doit être plus souple en matière de fusions dans les télécoms, pour que les opérateurs puissent réaliser des économies d'échelle et investir, après leur avoir imposé une baisse des tarifs, notamment dans l'itinérance, ont dit mardi les patrons de Vodafone (LON:VOD) et d'Orange.
A la différence des Etats-Unis, les régulateurs européens sous-estiment encore aujourd'hui l'impact de la réglementation actuelle sur la capacité d'investissement des opérateurs télécoms, expliquent-ils.
Les deux géants européens des télécoms soulignent également le manque à gagner latent lié au plafonnement en juin des tarifs de gros du roaming, qui permettra en théorie aux citoyens de l'UE d'utiliser leurs téléphones sans surcoût lorsqu'ils sont en déplacement dans un pays de l'Union.
L'exécutif européen rejette cependant les arguments du secteur selon lesquels des fusions sont nécessaires pour permettre des investissements importants dans les réseaux haut débit mobiles, estimant que la concurrence effective est le principal moteur de l'investissement.
"Je serais très heureux (...) de voir l'Union européenne changer un peu la façon dont elle voit notre secteur, non plus seulement à travers les yeux du consommateur, mais en réalisant qu'il y a d'autres défis, en l'occurrence dans l'investissement", a dit le PDG d'Orange, Stéphane Richard, à l'occasion du salon Mobile World Congress à Barcelone.
"Évidemment, il est plus facile de dégager une rentabilité sur les énormes investissements que nous devons effectuer dans les réseaux lorsque l'on dispose d'une taille crédible. C'est tellement évident", a-t-il ajouté.
L'an dernier, la Commission européenne a bloqué l'OPA de 10 milliards de livres (11,7 milliards d'euros) de CK Hutchison Holdings sur O2, filiale britannique de téléphonie mobile de l'espagnol Telefonica (MC:TEF), estimant qu'elle aboutirait à une hausse des prix en Grande-Bretagne.
En septembre 2015, TeliaSonera et Telenor avaient renoncé à fusionner leurs filiales danoises, les autorités européennes ayant fait savoir qu'elles souhaitaient le maintien de quatre opérateurs mobiles dans ce pays.
"Il manque toujours un élément dans le débat: la prise en compte du montant de l'investissement nécessaire et la faiblesse des rendements", a dit à la presse à Barcelone, le directeur général de Vodafone, Vittorio Colao. "Nous saluons la fin des frais d'itinérance mais personne n'a trouvé le moyen de restituer ces recettes aux groupes télécoms", a-t-il ajouté.
Selon Vodafone, la situation est bien différente aux Etats-Unis en ce qui concerne les fusions et acquisitions.
Le président de la Commission fédérale des communications (FCC) des Etats-Unis a dit cette semaine ne voir aucune raison d'examiner l'OPA de 85,4 milliards de dollars (80,7 milliards d'euros) d'AT&T sur Time Warner
Vodafone, qui a créé une coentreprise aux Pays-Bas avec Liberty Global, estime qu'une alliance plus étendue avec le câblo-opérateur américain ferait sens.
(Claude Chendjou pour le service français, édité par Wilfrid Exbrayat)