Sur la même ligne que Berlin, François Hollande a maintenu samedi la pression sur la Grèce et refusé de s'engager immédiatement sur le sursis réclamé par Athènes pour assainir ses finances publiques, mais le président français s'est voulu attentif aussi aux souffrances du peuple grec.
"Pour moi (la question) ne se pose pas, la Grèce est dans la zone euro et la Grèce doit rester dans la zone euro", a-t-il martelé à l'issue d'une première rencontre d'une heure avec le nouveau Premier ministre grec Antonis Samaras.
Pour autant, a-t-il enchaîné, la Grèce "doit faire la démonstration, encore, de la crédibilité de son programme et de la volonté de ses dirigeants d'aller jusqu'au bout".
L'avertissement est clair mais il a été assorti d'un mot de compassion à l'adresse de l'opinion publique grecque qui a déjà consenti des efforts "douloureux": si des efforts financiers et des "réformes structurelles" sont encore nécessaires de la part d'Athènes, il faut faire "en sorte que ce soit supportable pour la population".
Paris entend éviter à tout prix une nouvelle crise politique et sociale qui porterait vraisemblablement le coup de grâce à l'économie grecque et aurait des conséquences délétères pour la zone euro.
Une préoccupation partagée au premier chef par Antonis Samaras. Elu en juin, celui-ci a fait samedi de la préservation de "la cohésion sociale" dans son pays un "objectif" tout aussi prioritaire que le retour à la croissance.
Désormais, le calendrier européen est clair. Comme la chancelière allemande qui avait reçu M. Samaras la veille à Berlin, le président Hollande a répété que les partenaires européens de la Grèce attendraient le rapport de la troïka des créanciers (FMI, BCE et UE) qui doit être publié fin septembre avant que l'Europe ne fasse "ce qu'elle doit" faire pour aider davantage Athènes.
François Hollande et Angela Merkel avaient scellé cette position commune jeudi lors d'un dîner de travail à la chancellerie qui avait préparé ces rencontres avec Antonis Samaras.
"Il n'y a plus de temps à perdre" et "le plus tôt sera le mieux" pour prendre des décisions, "c'est-à-dire après le rapport de la troïka au Conseil européen" des 18 et 19 octobre, a cependant insisté le président français.
En réponse, Antonis Samaras a multiplié les assurances: Oui, "la Grèce y arrivera", oui, elle "restera dans la zone euro" et jouera même "un rôle important dans l'Union européenne".
Le Premier ministre grec entend obtenir un délai supplémentaire de deux ans, jusqu'en 2016, pour redresser les comptes de son pays. "Nous ne demandons pas plus d'argent mais du temps pour respirer", a-t-il plaidé à plusieurs reprises ces derniers jours alors que son pays est entré dans sa cinquième année consécutive de récession.
Mais cette question n'a pas été évoquée publiquement samedi. Elle ne le sera qu'au vu du rapport de la troïka.
Signe de l'importance de cette première rencontre entre les dirigeants français et grec, celle-ci s'est prolongée un peu au-delà des 45 minutes prévues. Les ministres français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, et des Finances, Pierre Moscovici, y assistaient également.
Quant au ballet diplomatique de cette rentrée visant une nouvelle fois à contenir la crise de la zone euro, il se poursuivra avec les visites du président français à Madrid jeudi et à Rome, le 4 septembre, tandis que le président du Conseil italien, Mario Monti, est attendu à son tour mercredi à Berlin.