La situation s'aggrave pour la zone euro qui s'est enfoncée dans la récession fin 2012 et a vu ses principales économies plonger, ce qui risque de compliquer la tâche des Etats membres pour respecter leurs engagements budgétaires et de raviver le débat sur le niveau de l'euro.
Le Produit intérieur brut de la zone euro a reculé de 0,6% au quatrième trimestre 2012, a indiqué jeudi l'office européen des statistiques, Eurostat.
C'est pire qu'attendu: les analystes tablaient sur une baisse de 0,4%, même si cela semblait trop optimiste au regard des chiffres de croissance allemand (-0,6%) et français (-0,3%) publiés aussi jeudi matin.
L'économie allemande s'est davantage contractée qu'attendu au dernier trimestre de 2012, en raison du recul des exportations, tandis que l'économie française est restée morose, confirmant son décrochage.
Dans le reste de la zone euro, la situation n'est guère reluisante quand elle n'est pas catastrophique: les Pays-Bas sont entrés en récession au quatrième trimestre avec un PIB en baisse de 0,2%, l'économie italienne s'est contractée plus que prévu (-0,9%), l'activité au Portugal a dévissé de 1,8%, tandis qu'en Grèce --le pays le plus violemment touché par la crise-- le PIB a chuté de 6%.
"Ces chiffres sont déjà datés et des indicateurs d'activité ont montré des signes d'amélioration début 2013", relativise Jonathan Loynes, de Capital Economics. "Mais ils ne sont pas pour l'instant suffisamment forts pour envisager une sortie de récession", prévient-il.
La situation peut vite déraper, met en garde Peter Vanden Houte d'ING, citant la situation politique en Espagne et en Italie, où des élections sont prévues en février, ainsi que la difficile mise en place d'un sauvetage pour Chypre.
Paris relativement isolé
Pour des prévisionnistes de la BCE, les chiffres publiés jeudi laissent penser que la croissance en zone euro sera nulle en 2013 et plus mauvaise qu'attendue en 2014, avec une hausse du PIB de 1,1% contre 1,3% attendu jusqu'ici.
Si aucun détail n'a été donné par Eurostat sur les composants du PIB du quatrième trimestre, la faiblesse de la consommation et un commerce extérieur à la peine semblent en cause.
"Sachant que la demande intérieure risque de rester faible dans la zone euro, toute reprise dépendra du commerce extérieur", souligne M. Vanden Houte.
"D'où l'importance de ne pas avoir une devise trop forte", précise l'économiste alors qu'un débat sur "l'euro fort" agite la zone depuis plusieurs jours, à la demande de la France qui craint que le niveau de la monnaie commune ne pèse sur ses exportations et pénalise ses efforts de compétitivité.
Cette question sera abordée vendredi et samedi au G20 à Moscou, même si Paris est relativement isolé sur ce dossier.
Autre problème: la dégradation de l'activité dans les pays de la zone euro rend quasiment impossible le respect des engagements budgétaires.
Deuxième économie de la zone, la France a reconnu mercredi qu'elle n'atteindrait pas cette année l'objectif d'un déficit public de 3% du PIB, mais serait un peu au-delà. Un dépassement qui peut théoriquement être sanctionné par Bruxelles, mais la Commission européenne a montré dès mercredi des signes de souplesse.
Dans une lettre adressée aux ministres des Finances de l'UE, le commissaire européen aux Affaires économiques, Olli Rehn, a rappelé qu'un délai pouvait être accordé à un pays pour corriger son déficit excessif en cas de détérioration de la croissance. "A condition qu'il ait fourni comme convenu les efforts budgétaires demandés", a-t-il cependant ajouté.
L'exécutif européen ne prendra pas de décision dans l'immédiat car il attend la publication le 22 février de ses nouvelles prévisions économiques.