Le Premier ministre britannique, David Cameron, a promis mardi la coopération de son gouvernement à l'enquête indienne sur le versement présumé de pots-de-vins pour sceller une vente d'hélicoptères, un scandale qui assombrit sa visite en Inde à forte teneur commerciale.
Fort de la "plus grosse délégation ayant quitté les rives de la Grande-Bretagne", Cameron effectue une visite de trois jours avec le vif espoir de redorer le blason de l'avion de chasse Typhoon, fabriqué par le consortium européen Eurofighter qui comprend notamment le britannique BAE Systems.
L'Inde est entrée voici un an en négociations exclusives avec le français Dassault pour l'achat de 126 Rafale mais le chef du gouvernement britannique a toujours dit qu'il ne s'avouait pas vaincu tant que ce méga contrat de 12 milliards de dollars n'était pas signé.
Le soudoiement présumé d'officiels indiens pour sceller la vente à l'Inde de 12 hélicoptères du groupe anglo-italien AgustaWestland, filiale de Finmeccanica, vient toutefois reléguer ses ardeurs au second plan et M. Cameron a assuré mardi qu'il s'engageait à une pleine coopération de son gouvernement dans l'enquête.
"Nous répondrons à toute demande d'information. Je me félicite que les autorités italiennes enquêtent sur cette affaire en détail", a déclaré M. Cameron lors d'une conférence de presse conjointe avec son homologue, Manmohan Singh, à l'issue d'une rencontre bilatérale à New Delhi.
"Au Royaume-Uni, nous avons mis en place une législation anticorruption qui est probablement la plus contraignante au monde. Nous débusquerons tous les problèmes de corruption, où et quand ils apparaîtront", a promis M. Cameron.
Interrogé peu avant sur la chaîne d'informations indienne, NDTV, il a précisé ne pas avoir reçu de demande d'information du gouvernement indien sur l'affaire.
"Sérieuse préoccupation"
Les premières allégations de corruption ont émergé l'an dernier mais le gouvernement indien a assuré qu'il n'avait pas pu obtenir d'éléments auprès des gouvernements italien ou britannique concernant leur enquête.
Manmohan Singh a dit mardi avoir communiqué à son homologue sa "sérieuse préoccupation" concernant l'affaire qui frappe de plein fouet le gouvernement de centre-gauche à un an des élections générales.
L'Inde a annoncé la semaine dernière avoir lancé une procédure d'annulation de ce contrat de 748 millions de dollars (560 millions d'euros) pour ces hélicoptères fabriqués dans le sud-ouest de l'Angleterre, dont trois ont déjà été livrés. Le patron de Finmeccanica a, lui, démissionné.
Selon des enquêteurs italiens cités sous le couvert de l'anonymat dans la presse indienne, l'un des intermédiaires présumés ayant agi pour sceller la transaction est en outre basé à Londres.
Interrogé lors d'une conférence de presse, le ministre indien de la Défense a jugé mardi qu'il était encore "trop tôt" pour dire si cette embarrassante affaire pour un pays devenu le premier acheteur mondial d'armements allait affecter les négociations en cours sur le Rafale.
"Il est trop tôt, parce que seules les négociations pour le contrat sont en cours, après quoi il y a six ou sept étapes par lesquelles le contrat doit passer", a commenté A.K. Antony.
"Un examen approfondi aura lieu. Il est trop tôt mais je peux vous dire une chose: pour ce qui est du gouvernement, nous n'accepterons pas de compromis avec l'intégrité et la transparence", a-t-il poursuivi, sans plus de détails.
Ce scandale a fait diversion sur la volonté affichée de M. Cameron de resserrer les liens avec l'ancien joyau de l'empire britannique et de doubler les échanges commerciaux qui représentaient en 2010 11,5 milliards de livres (13,4 milliards d'euros), pour les faire passer à 23 milliards de livres en 2015.