Le ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg a contesté mercredi la politique commerciale et énergétique européenne et a mis en cause la "vision dogmatique" de la Commission européenne en matière de concurrence qui "lui tient lieu de politique industrielle".
Devant la commission d'enquête de l'Assemblée nationale sur la situation de la sidérurgie française, M. Montebourg a stigmatisé "les deux faillites de la Commission européenne: politique de la concurrence, politique de l'énergie, et incapacité à protéger les outils industriels".
"C'est vraiment la technocratie bruxelloise qui nous a mis dans cette situation très critique", a-t-il estimé.
Il a cependant salué l'objectif affiché de ramener la part de l'industrie à 20% du PIB européen, "mais il va falloir pour ça réviser toutes les politiques industrielles", a-t-il affirmé.
"Notre bataille est d'obtenir le desserrement de la législation sur les aides d'Etat de manière à ce que, sur le terrain du prix de l'énergie, l'Union européenne cesse de nous tirer dans le dos", a déclaré le ministre.
M. Montebourg a aussi contesté la politique commerciale européenne qui "aujourd'hui nous met en situation de ne pas pouvoir nous protéger". Il a toutefois observé que "ça bouge" et que l'Union européenne "commence à ouvrir les yeux". Onze enquêtes sont en cours sur divers types d'aciers chinois, a-t-il indiqué.
"J'attends que sur la politique commerciale, la politique de la concurrence, la politique énergétique, l'Union européenne commence se mettre au diapason du reste du monde" et puisse "se battre à parité, à réciprocité, dans la mondialisation", a-t-il dit.
"Nous demandons des clauses de réciprocité", a-t-il martelé. "Je vais en faire un usage tout à fait inconsidéré parce que ça commence à bien faire et que notre exaspération est à son comble", a-t-il poursuivi.
Selon M. Montebourg, "le ton monte dans le conseil" des ministres européens en charge de la compétitivité, a-t-il affirmé.
Il a estimé que cette question sera portée dans les élections européennes l'an prochain. "Il faut mettre en minorité cette Commission européenne", a lancé M. Montebourg, en soulignant que la Commission "doit répondre de ses actes devant le Parlement" européen.
Interrogé sur les moyens de défendre l'industrie et la sidérurgie française au niveau national, M. Montebourg a redit que la nationalisation "au moins temporaire" restait "un outil à disposition si nécessaire". Il a évoqué les "arsenaux législatifs anti-OPA" qui font l'objet d'une proposition de loi à laquelle le gouvernement est "favorable".
Il a également mentionné "l'entrée au capital" des entreprises par l'intermédiaire du Fonds stratégique d'investissement (FSI) ou de la Banque publique d'investissement (BPI). Il a pris l'exemple du fabricant de produits aluminium Constellium où le FSI a pris 12,5%, ainsi que de la reprise en préparation des sites français du producteur d'aluminium Rio Tinto Alca où le FSI a un rôle aux côtés de l"'allemand Trimet.
Concernant le site ArcelorMittal de Florange, M. Montebourg a précisé que "les accords sont respectés".