Samsung Electronics, numéro un mondial des portables, a fait état vendredi de prévisions record pour ses résultats du second trimestre mais celles-ci sont inférieures aux estimations des analystes qui craignent une saturation du marché haut de gamme.
Samsung, dont un portable sur quatre vendu dans le monde porte le nom, a indiqué s'attendre à un bénéfice opérationnel compris entre 9.300 milliards de wons (8,2 milliards de dollars) et 9.500 milliards sur la période avril-juin.
Cela représente une augmentation de 47% par rapport aux 6.460 milliards de wons enregistrés l'an dernier à la même époque et de 8,2% par rapport au précédent trimestre, au cours duquel de bonnes ventes de smartphones avaient pourtant permis au géant sud-coréen d'atteindre des bénéfices de 8.780 milliards de wons.
Mais les analystes prévoyaient un bénéfice opérationnel de plus de 10.000 milliards de wons pour le deuxième rapport intermédiaire de 2013.
Ils imputent ce "décrochage" au coûteux lancement du Galaxy S4, son dernier smartphone haut de gamme mis sur le marché pour contrer l'iPhone 5, mais aussi à un fléchissement des ventes du même S4 qui présente peu d'innovations par rapport à son prédécesseur, le S3.
"C'est plus faible que prévu. Des ventes de portables ralenties conjuguées à des dépenses importantes en marketing pour le Galaxy S4 ont pesé sur les résultats", résume Jeff Kim chez Hyundai Securities.
Les résultats financiers devraient toutefois s'améliorer au trimestre suivant avec l'amortissement de ces dépenses en marketing et la progression du marché des semi-conducteurs et des écrans TV.
"Je prévois un bénéfice opérationnel de 10.500 milliards de wons au troisième trimestre", dit-il.
Pour Lee Seung-Woo chez IBK Investment and Securities, l'origine du mal est à chercher dans la demande en smartphones haut de gamme, à plusieurs centaines d'euros, qui "accuse une croissance ralentie".
Dépendance à la division mobile
Or pour vendre le S4, Samsung devra au contraire continuer à investir dans les campagnes promotionnelles, estime Jae H. Lee chez Daiwa Securities.
Les analystes s'inquiètent de la dépendance de Samsung à sa division mobile qui génère 75% de ses revenus alors que la conjoncture paraît très incertaine.
Samsung, plus grande firme technologique de la planète en terme de chiffre d'affaires, a perdu près de 30 milliards de dollars en capitalisation boursière depuis la mi-mars, avant le lancement du Galaxy S4 le 26 avril.
L'action perdait encore près de 4% en fin de séance vendredi à la Bourse de Séoul, pesant sur l'indice général Kospi (-0,32%) dont il constitue 20% de la valeur.
Samsung n'a de cesse de protester que le S4 s'écoule très bien et table sur un chiffre d'affaires de 5.700 milliards de wons pour le second trimestre, en hausse de 19,8% sur un an. Il n'a pas fourni d'estimations pour son bénéfice net ni de résultats division par division.
Samsung compte sur le S4 pour renforcer sa présence sur le marché américain notamment et évincer son rival, l'iPhone 5.
Le pari semblait gagné puisque le Galaxy S4 est rapidement devenu le smartphone le plus vendu de la marque, dépassant les dix millions d'unités en moins d'un mois.
Et il s'en serait déjà vendu 20 millions en un peu plus de deux mois, selon des statistiques de courtiers non confirmées par le constructeur, alors qu'il avait fallu 100 jours au S3 pour atteindre ce chiffre.
Mais les ventes auraient fortement freiné depuis selon certains analystes. JP Morgan avait fait état début juin d'une nette baisse des commandes pour juillet.
Les résultats officiels doivent être publiés plus tard dans le mois.
Au premier trimestre, 216,2 millions de smartphones ont été vendus dans le monde. Avec 32,7% de parts de marché, Samsung devance très largement Apple (17,3%), selon le cabinet IDC.