par Ellen Wulfhorst
FERGUSON Missouri (Reuters) - La police a tiré des grenades lacrymogènes et des fumigènes pour disperser les manifestants rassemblés dimanche soir dans les rues de Ferguson pour protester contre la mort d'un adolescent noir et non armé, abattu la semaine dernière par un policier dans des circonstances controversées.
Quelque 400 personnes, dont de jeunes enfants, qui avaient jusqu'alors défilé pacifiquement, ont fui lorsque la police a chargé, plusieurs heures avant l'entrée en vigueur du couvre-feu nocturne imposé depuis samedi par le gouverneur du Missouri.
Dans le chaos, un journaliste de Reuters a entendu des coups de feu mais n'a pas pu identifier leur origine.
Selon Anthony Ellis, un manifestant âgé de 45 ans, la police est intervenue sans avertissement.
"Les grenades fumigènes ont été tirées sans raison. Des enfants à vélo ouvraient la manifestation et dans la seconde qui a suivi, on a entendu 'rentrez chez vous, rentrez chez vous'", a-t-il témoigné.
Selon la police des autoroutes du Missouri, chargé d'assurer la sécurité dans la banlieue de Saint-Louis, les forces de l'ordre sont intervenues avec le soutien de véhicules blindés parce que des "agresseurs" tentaient de pénétrer dans un poste de commandement de la police.
"Nous leur avons dit de reculer. Nous le leur avons répété. Après plusieurs tentatives, nous avons utilisé des fumigènes pour repousser ces individus", a dit l'officier de police Justin Wheetley.
Le policier a par la suite affirmé qu'au moins un cocktail Molotov avait été lancé en direction des forces de l'ordre. Certains témoins ont cependant assuré qu'il ne s'agissait que de grenades lacrymogènes renvoyées par les manifestants.
À LOS ANGELES AUSSI...
Dans la nuit de samedi à dimanche, une personne avait été blessée par balle en marge de la manifestation. Le tireur est toujours en fuite, a indiqué la police.
Le couvre-feu, qui court de minuit à 05h00 (05h00 à 10h00 GMT), a été imposé samedi par le gouverneur du Missouri Jay Nixon pour mettre fin aux manifestations et aux pillages qui ont suivi la mort du jeune Michael Brown, le 9 août dernier. Sa reconduction sera décidée chaque jour pour le lendemain, a déclaré un porte-parole de la police des autoroutes du Missouri.
Michael Brown, qui était âgé de 18 ans, a été abattu par un policier blanc Darren Wilson.
Dimanche, le procureur général des Etats-Unis Eric Holder a ordonné une autopsie de l'adolescent au niveau fédéral, qui s'ajoute à celle menée par les autorités de l'Etat du Missouri. Une telle décision est "due aux circonstances exceptionnelles dans cette affaire et à la demande de la famille Brown", a indiqué un porte-parole du département de la Justice.
La famille a fait savoir qu'elle demanderait aussi un examen du corps à un spécialiste indépendant.
La police du Grand Saint-Louis, la police régionale, a été très critiquée à la fois pour la mort d'un homme non armé et pour sa gestion des suites de l'affaire.
Dimanche à Los Angeles, près de 500 personnes ont manifesté pacifiquement devant le siège de la police pour dénoncer la mort d'un autre jeune homme noir, abattu par la police alors qu'il souffrait selon sa famille de troubles mentaux.
(Avec Lucia Mutikani et Julia Edwards à Washington, Dana Feldman à Los Angeles; Danielle Rouquié et Tangi Salaün pour le service français)