L'avionneur public chinois Comac a annoncé mardi 30 nouvelles commandes pour son moyen-courrier C919, appareil encore en développement et emblème des ambitions aéronautiques de Pékin, lesquelles s'affichaient cette semaine au salon international de Zhuhai.
La Comac (Commercial aircraft corporation of China), groupe contrôlé par l'Etat, a indiqué dans un communiqué avoir conclu un accord avec CMB Financial Leasing, loueur d'avions filiale de la China Merchants Bank.
Ce contrat porte le carnet de commandes pour le C919 à 430 unités, a précisé le groupe, sans livrer de détails financiers.
L'accord a été conclu en marge du salon aéronautique de Zhuhai (sud de la Chine), principal évènement du secteur dans le pays, qui s'est ouvert mardi.
Avec une capacité comprise entre 158 et 174 sièges, le C919 entend rivaliser sur les vols régionaux avec deux "stars" internationales du moyen-courrier, le B737 de l'américain Boeing (NYSE:BA)et l'A320 de l'européen Airbus (PARIS:AIR).
Mais sur les 430 commandes enregistrées à ce jour, toutes proviennent de compagnies et firmes chinoises, à l'exception d'un unique appareil commandé par une filiale de l'américain General Electric (NYSE:GE)... lui-même engagé en coentreprise en Chine pour fabriquer les moteurs du C919.
"Nous sommes sur les rails pour tenir notre calendrier", a assuré à l'AFP un porte-parole de la Comac.
Monocouloir capable de parcourir 5.500 km, le C919 doit effectuer son premier vol fin 2015, avec des premières livraisons prévues en 2018. Des ouvriers ont récemment commencé à assembler à Shanghai le fuselage du premier appareil de la gamme.
Mais experts et professionnels, sceptiques, mettent en avant les défis technologiques à relever et s'attendent à des reports.
"La production a commencé, mais il va y avoir des retards, si vous voulez mon avis", a confié à l'AFP, sous couvert d'anonymat, un équipementier fournissant des pièces du C919.
- "Le ciel est assez vaste" -
La Comac a également fait état mardi de 20 nouvelles commandes pour l'ARJ-21 --son avion régional en cours de certification--, de la part de Comsys Leasing Co., société de Tianjin.
Cela porte à 278 le total des commandes pour l'ARJ-21, a précisé l'avionneur dans un communiqué.
Les premières livraisons de l'ARJ-21, initialement prévues en 2009, ont fait l'objet de retards à répétition, et l'appareil doit encore obtenir une certification du régulateur américain (FAA) --indispensable pour voler à l'étranger--, ce qui pourrait prendre du temps.
En revanche, "l'ARJ-21 obtiendra sa certification de la CAAC (Autorité chinoise de l'aviation civile) le mois prochain", affirme la Comac.
Cette concurrence chinoise potentielle ne paraissait pas inquiéter outre-mesure ses rivaux occidentaux présents au salon de Zhuhai.
"Seule la concurrence peut pousser une entreprise (...) à devenir plus efficace", a assuré Eric Chen, président d'Airbus Chine.
"Le ciel mondial est très vaste, et suffisamment pour abriter peut-être plus de deux avionneurs", a-t-il ajouté, lors d'un point-presse.
Zhuhai est le terrain privilégié pour présenter les avancées de la Comac, mais aussi pour des vols de démonstration des fleurons de groupes de défense chinois et de l'Armée populaire de libération --dont le nouvel avion de chasse furtif J-31.
Mais l'aviation civile y est également amplement représentée, avec des firmes étrangères convoitant un marché en plein essor.
Le trafic aérien chinois a ainsi gonflé de 11% l'an dernier, à 350 millions de passagers, et, selon Boeing, le pays aura besoin de 6.020 avions de ligne sur les vingt années à venir, soit un triplement de sa flotte actuelle.
"C'est extraordinaire! Imaginez seulement: l'impact de 500 millions de personnes supplémentaires prenant l'avion", se félicitait Briand Greer, président chargé de l'aérospatiale en Asie-Pacifique pour l'américain Honeywell.
Quelques jours avant Zhuhai, Airbus --dont la Chine absorbe déjà 25% de la production mondiale-- a signé un protocole d'accord avec le loueur d'avions China Aircraft Leasing Company pour la vente de 100 appareils A320.
"La Chine va devenir le marché numéro un de l'aviation mondiale", a commenté mardi Eric Chen.
L'optimisme général était cependant tempéré par quelques nuages sombres, pointés par certains industriels: vif ralentissement de l'économie ; lutte anticorruption lancée par Pékin --susceptible de peser sur le trafic--... et surtout les contrôles et restrictions draconiennes sur l'espace aérien chinois, source de perturbations chroniques.