Les entreprises américaines ont dans l'ensemble agréablement surpris les investisseurs avec leurs résultats du deuxième trimestre, mais les analystes craignent que l'environnement économique encore sombre n'interrompe cette bonne dynamique.
"La saison des résultats a été bien meilleure que prévu", les trois quarts des résultats déjà publiés ayant dépassé les attentes des analystes, constate Alex Young, stratège boursier de l'agence d'évaluation financière Standard and Poor's.
Les entreprises ont amélioré leurs marges grâce à "un strict contrôle des coûts et des suppressions d'emplois", mais aussi grâce à la demande internationale, particulièrement en Asie, renchérit Gregori Volokhine, analyste au cabinet de gestion d'actifs Meeschaert New York.
Vu les mauvaises nouvelles ces dernières semaines du côté de la consommation, du logement et de l'emploi aux Etats-Unis, les secteurs ayant le plus déçu sont directement liés aux produits de consommation, comme Procter and Gamble ou Kellogg's, qui pâtissent notamment de la concurrence de marques de distributeurs, moins chères.
M. Volokhine observe que "le luxe se porte très bien, le discount aussi", mais que les marques intermédiaires de consommation souffrent plus.
Les résultats bancaires ont été mitigés, avec "une amélioration des bénéfices car les produits considérés comme toxiques recommencent à prendre de la valeur", principalement les dérivés de crédits, mais la croissance du chiffre d'affaires est "restée relativement faible, à part chez Morgan Stanley", poursuit l'analyste.
Les bonnes surprises sont venues du côté "des gadgets que tout le monde veut avoir", notamment du groupe technologique Apple, qui a affiché des ventes éclatantes avec son téléphone multifonctions iPhone 4 et sa tablette iPad, note-t-il.
Les ventes de produits et services sur internet ont été bonnes, même si Amazon a déçu et s'est vu sanctionné en Bourse. Les compagnies pétrolières ont confirmé leur retour à une forte croissance grâce à des prix énergétiques et des marges de raffinage en hausse.
Les groupes technologiques, aussi bien fabricants de semiconducteurs comme Intel que de logiciels comme Microsoft, ont bénéficié d'une demande gonflée par un cycle de remplacement des infrastructures chez les entreprises.
Dans le secteur du transport, les compagnies aériennes ont publié leurs meilleurs résultats "depuis très très longtemps, elles sont vraiment en train de pouvoir remonter leurs prix et elles redeviennent rentables", remarque encore M. Volokhine.
Enfin, les médias ont bénéficié d'un rebond du marché publicitaire, en particulier sur internet.
L'analyste de Meschaert fait cependant remarquer que les prévisions données par les entreprises sont "prudentes en raison de plusieurs inconnues": les mouvements importants et très rapides du dollar sur le marché des changes, les élections importantes du mois de novembre, et l'amélioration du marché de l'emploi au Etats-Unis, qui tarde à se matérialiser.
Les chiffres de l'emploi américains publiés vendredi à Washington se sont révélés bien plus mauvais que prévu, avec 131.000 emplois détruits, faisant craindre à certains une rechute de l'économie.
"L'emploi, le marché immobilier et la consommation, tout cela fait craindre que la bonne dynamique des résultats ne puisse se poursuivre", avertit Alex Young.
Nigel Gault, du cabinet de recherche IHS Global Insight, s'inquiète lui aussi du fait que "les résultats sont déconnectés de l'économie". Si les entreprises ne semblent pas craindre de rechute dans la récession et parient sur une reprise lente, il juge que ce risque a 20% de chances de se produire.