British Airways (BA) envisage d'émettre des obligations convertibles pour renforcer ses fonds propres, ayant écarté la possibilité de recourir à une augmentation de capital, a annoncé mardi le président de la compagnie aérienne britannique Martin Broughton.
"Les principales compagnies aériennes mondiales font face au besoin d'accroître leurs liquidités pour surmonter la tempête actuelle", et "nous pensons également que c'est dans l'intérêt de nos actionnaires d'augmenter nos liquidités", a-t-il déclaré devant l'assemblée générale des actionnaires du groupe, réunie à Londres.
Le président de BA, qui a qualifié l'année écoulée d'"annus horribilis" pour le secteur aérien mondial, a indiqué que la compagnie avait cependant exclu de lancer une augmentation de capital, comme l'on fait ses concurrentes Qantas et SAS, mais préférait jouer sur son endettement, via un appel au marché obligataire.
"Nous pensons que le moment serait mal choisi pour procéder à une augmentation de capital (...) mais nous avons d'autres options à notre disposition", et "nous sommes en discussion avec nos investisseurs institutionnels pour étudier des possibilités sur le marché des emprunts convertibles, qui serait à nos yeux le meilleur moyen d'augmenter nos fonds", a-t-il expliqué.
M. Broughton n'a pas précisé quelle somme l'entreprise envisageait de lever. Il s'est contenté d'affirmer que ses liquidités étaient actuellement supérieures au minimum que se fixe la compagnie (soit 15% du chiffre d'affaires), mais a prévenu qu'"une crise économique prolongée serait un défi".
De son côté, Willie Walsh, le directeur général de la compagnie aérienne, qui fait face à d'énormes pertes du fait de la récession mondiale, et souffre particulièrement de son positionnement haut de gamme, a insisté sur la nécessité de tailler dans les coûts, alors que des négociations avec plusieurs syndicats sur la suppression de 3.700 postes et un gel des salaires sur deux ans sont dans l'impasse.
Des dizaine de membres des syndicats Unite et GMB ont d'ailleurs organisé une manifestation à l'extérieur du centre de conférences Queen Elizabeth II, où se tenait l'assemblée générale, pour protester contre ces mesures qu'ils jugent injustes.
Certains brandissaient des pancartes appelant M. Walsh a "rejoindre la piste de décollage", et d'autres avaient apporté des cages contenant des lemmings, pour illustrer le fait qu'à leurs yeux, leurs patrons étaient aussi compétents que ces petits rongeurs.
Lundi, les pilotes de BA avaient accepté de leur côté à une majorité écrasante un plan d'économies spécifique, visant à économiser 26 millions de livres, et incluant une baisse de 2,61% de leurs salaires et la suppression de 78 postes (sur les 3.200 pilotes que compte la compagnie britannique).
Par ailleurs, près de 7.000 employés de BA, soit près d'un sur cinq, ont répondu favorablement à un appel de la compagnie pour des réductions de salaires sur une base volontaire (via par exemple la prise de congés sans solde ou des heures de travail non rémunéré).
BA a essuyé une perte nette part du groupe de 375 millions de livres (425 millions d'euros) sur l'exercice achevé le 31 mars, contre un bénéfice de 712 millions un an plus tôt. La compagnie souffre énormément de la crise économique, qui a fait s'effondrer le trafic de ses très lucratives classes supérieures (-14,9% en juin sur un an).