Le ministre de l'Immigration et de l'Identité nationale, Eric Besson a reconnu mardi que la nouvelle carte de résident pour "contribution économique exceptionnelle" était "un peu élitiste", lors d'une conférence de presse.
"C'est vrai, c'est un peu élitiste", a déclaré le ministre, au sujet de ce nouveau titre de séjour valable 10 ans et destiné aux ressortissants étrangers prêts à investir 10 millions d'euros ou à créer --ou sauvegarder-- 50 emplois sur le territoire.
"Est concerné le ressortissant étranger qui personnellement ou par l’intermédiaire d’une société qu’il dirige ou dont il détient au moins 30% du capital remplit l’une de ces deux conditions", précise un décret paru mardi au Journal officiel.
"Cette carte ne va pas s'appliquer à l'artisan ou à la personne qui crée sa petite entreprise", a ajouté le ministre, reprenant à son compte l'expression "carte gold" employée lundi dans la presse pour décrire ce nouveau titre de séjour.
Mais cette innovation, dont pourraient bénéficier 200 personnes en 2010, est indispensable pour attirer des talents étrangers, traditionnellement séduits par les Etats-Unis ou le Japon, notamment dans le domaine des hautes technologies, a-t-il expliqué.
Outre-Atlantique par exemple, un quart des entreprises de haute technologie ont été créées par des étrangers, et cette proportion s'élève à 52% dans la Silicon Valley, a-t-il dit.
"Dans cette guerre économique mondiale qui est aujourd'hui ouverte, il faut non seulement recruter des fantassins (...) mais aussi attirer les meilleurs capitaines", a-t-il déclaré.
Pour illustrer son propos M. Besson a donné la parole à une dizaine d'entrepreneurs nés à l'étranger, ayant émigré vers la France et créé des entreprises particulièrement innovantes.
"A travers leur exemple je veux valoriser cet entreprenariat qui vient s'installer en France soit par décision d'investissement --ce sera le cas de beaucoup d'entrepreneurs-- soit pour certains à la suite de (leur) parcours", a-t-il expliqué.
Plusieurs des intervenants étaient toutefois réservés sur la portée de la nouvelle mesure.
"Ce dispositif peut être une base de départ", a reconnu Abdel Koussa, fondateur de B&K technologie (électronique et télécoms). Mais selon lui, il est indispensable d'aider les jeunes créateurs d'entreprises "qui travaillent tant bien que mal avec des attestations provisoires de séjours de 6 mois", suscitant notamment la frilosité des banquiers: "la piste, elle est là".
A la question de savoir si la nouvelle carte aurait facilité son parcours, M. Koussa, né en Algérie, répond: "non, absolument rien du tout. Nous ne jouons pas dans la même cours". Idem pour Juan Carlos Ceron (Ceron Groupe, ingénierie), né en Colombie: "je n'avais pas les 10 millions d'euros".