Bienvenu pour soulager une filière en péril, le plan de soutien à l'automobile ne devrait cependant pas résoudre ses problèmes de fond, le succès de la voiture "verte" et du gisement d'emplois qui y est associé restant incertain, selon les observateurs.
Si, pour le ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg, ce plan "porte une stratégie industrielle nouvelle en réinventant l'automobile française progressivement", "sur le très court terme, le plan ne fait pas grand-chose" et comporte "beaucoup d'effets d'annonce", estime Carlos Da Silva, analyste chez IHS Automotive.
Son impact sur l'emploi sera aussi "marginal à court terme", a-t-il dit, alors que les difficultés de PSA Peugeot Citroën ont posé la question de l'avenir de la production automobile dans l'Hexagone.
Les aides financières, avec la prolongation du Fonds de modernisation des équipementiers automobiles (FMEA) et l'aide à la trésorerie par Oséo peuvent aider certains sous-traitants, note-t-il.
Les incitations auront "un impact positif sur les ventes de véhicules hybrides et électriques", mais celui "sur la production automobile française sera beaucoup plus limité", tempère Philippe Gattet, directeur d'études chez Xerfi.
Seules quelques usines dans l'Hexagone produisent ces modèles: Toyota à Valenciennes avec la Yaris hybride, le Kangoo électrique de Renault à Maubeuge ou encore Sochaux et Rennes pour les hybrides diesel Peugeot et Citroën.
Les autres véhicules sur le marchés sont importés, comme le reste de la gamme hybride de Toyota ou encore les électriques de PSA. Renault connaît des couacs avec le lancement de sa citadine Zoé qui est fabriquée à Flins.
De plus, les volumes vendus restent dérisoires: un peu plus de 1% des immatriculations au premier trimestre, dont beaucoup grâce aux flottes et aux loueurs.
besoin d'un coup de pouce pour démarrer
Du coup, le soutien à la voiture "verte" est important, selon les experts. "La voiture 100% électrique est une rupture technologique et il y a besoin d'un accompagnement des pouvoirs publics pour démarrer", constate Flavien Neuvy, de Cetelem.
Les 50 millions d'euros pour installer des bornes de recharge dans les grandes villes et l'exemple de l'Etat, qui veut acheter au moins un véhicule neuf sur quatre en électrique et convaincre les collectivités d'en faire autant, semblent donc bienvenus.
"Ce sont en gros les mêmes mesures" que celles contenues dans le plan du précédent gouvernement, qui prévoyait un million de points de charge dès 2015, des achats groupés et 2 millions de véhicules produits dans le pays d'ici 2020, relève Clément Dupont-Roc, du Bipe.
De l'avis des observateurs, il reste du chemin à faire avant que l'automobile électrique n'intègre la "vie quotidienne des classes populaires et moyennes", comme l'espère le ministre du Redressement productif.
D'autant que "ça reste des véhicules assez chers avec une autonomie limitée", commente l'analyste de Xerfi.
Même si elle fait de l'électrique une priorité, la France n'est pas assurée de faire la course en tête dans ce domaine. La Chine par exemple a promis d'investir plus de 14 milliards de dollars d'ici la fin de la décennie pour développer des infrastructures pour 5 millions de véhicules "propres".
Quant à l'Allemagne, elle a annoncé en 2010 en grande pompe un objectif d'un million de voitures électriques sur ses routes, avant de reconnaître en juin qu'elle n'arriverait probablement qu'à réaliser la moitié de cet objectif.