Les vingt principales économies de la planète ont préparé à Washington les réponses à apporter aux pays les plus pauvres, notamment une taxe sur les transactions financières qui commence à prendre forme sans toutefois convaincre certaines grandes puissances.
En vue du sommet de Cannes (sud-est de la France) début novembre, les ministres des Finances et de la Coopération ont évoqué les priorités de la présidence française du G20 des principaux pays riches et émergents lors de leur première réunion spécialement consacrée aux questions de développement.
Ils ont ainsi annoncé dans leur déclaration finale la mise en place, en Afrique de l'Ouest, "d'une réserve régionale alimentaire" d'urgence pour faire face à une éventuelle crise. Cette première expérience, qui vise à raccourcir les délais de mobilisation de la communauté internationale, aura vocation à être étendue en cas de succès, a annoncé le ministre français de la Coopération Henri de Raincourt.
Par ailleurs, une liste de projets d'infrastructures "réalisables et finançables" pour l'Afrique doit être présentée à Cannes, a-t-il ajouté.
Mais c'est la question du financement du développement qui cristallise le plus les débats. La France, soutenue par l'Allemagne, pousse la création d'une taxe sur les transactions financières, une vieille revendication des associations de lutte contre la pauvreté qui voient là une manne pour pallier aux promesses non tenues des pays riches.
Or, le communiqué de la réunion n'en fait nullement mention.
Le ministre français des Finances François Baroin a reconnu qu'il n'y avait "pas de consensus aujourd'hui" pour l'instauration d'une taxe au niveau du G20, en raison des "réserves" américaines.
Paris espère néanmoins parvenir à Cannes à un "accord de principe" permettant à un groupe de pays pionniers d'instaurer cette taxe -- l'Union européenne, ou la zone euro si Londres devait opposer son veto.
Pour l'instant, la France revendique le soutien d'une poignée d'Etats (Allemagne, Espagne, Belgique, Autriche, Norvège) et de la Commission européenne.
Cette stratégie a reçu un coup de pouce du milliardaire américain Bill Gates, auquel la France a demandé un rapport sur les financements innovants du développement.
Jusqu'ici sceptique sur une taxe qui serait boycottée par les Etats-Unis, l'ex-patron de Microsoft juge désormais qu'une adoption par tous les pays ne doit pas être un préalable.
Selon son rapport d'étape présenté vendredi à Washington et dont l'AFP s'est procuré une synthèse, la taxe "semble donc faisable même sans adoption universelle" et "peut générer des ressources substantielles" même si seul un groupe d'Etats la met en oeuvre.
"Ce soir personne ne peut plus dire qu'une taxe sur les transactions financières (...) n'est pas techniquement faisable", a lancé François Baroin.
En écho, Bruxelles a laissé entendre qu'elle pourrait proposer d'introduire cette taxe dans l'UE à partir de 2014.
Bill Gates, mais aussi le Fonds monétaire internationale et la Banque mondiale dans un rapport distinct sur la lutte contre le changement climatique, recommandent par ailleurs de taxer l'émission en carbone des transports maritimes et aériens. L'idée d'une taxe sur le tabac est également évoquée.
Le débat sur l'affectation des recettes d'une taxe financière reste toutefois en suspens, au moment où plusieurs pays riches surendettés, ainsi que la Commission européenne, aimeraient les capter pour leur propre budget.
Bill Gates estime qu'elles doivent aller de manière substantielle au développement. Les pays pauvres, notamment africains, font la même demande.