La deuxième banque helvétique Credit Suisse a créé la surprise jeudi en publiant au troisième trimestre un bénéfice net largement supérieur aux prévisions des analystes, mais surtout en doublant ses entrées d'argent nouveau.
L'établissement zurichois a réalisé entre juillet et septembre un profit net de 2,4 milliards de francs suisses (1,6 milliard d'euros), en hausse de 50% par rapport au trimestre précédent, affichant ainsi le troisième trimestre consécutif dans le vert.
Les analystes interrogés par l'agence AWP tablaient en moyenne sur un résultat net de seulement 1,7 milliard sur la période.
Le produit net bancaire a progressé de 4% à 8,9 milliards, tandis que le ratio Tier 1, qui mesure la solidité financière des banques, a progressé de 0,9 point de pourcentage à 16,4%.
Mais surtout, la banque, qui a subi une perte nette de 8,2 milliards l'année dernière, semble avoir regagné la confiance de ses clients après avoir souffert de la crise financière.
Après avoir subi --pourtant de manière moins dramatique que sa rivale UBS-- des retraits importants de capitaux, Credit Suisse a profité sur la période d'un afflux d'argent nouveau de 16,7 milliards, une hausse de 169% par rapport au trimestre précédent.
La banque privée a participé à hauteur de 13,1 milliards à ces afflux d'argent frais, dont 7,5 milliards proviennent de l'international et 5,6 milliards de la Confédération.
"La gestion de fortune demeure un marché de croissance très attractif, nous sommes confiant qu'il se rétablira à moyen terme", a affirmé le directeur financier Renato Fassbind lors d'une conférence de presse téléphonique.
Par division, la banque privée, chargée notamment de la gestion de fortune, a vu son bénéfice avant impôts reculer de 7% à 867 millions, tandis que la banque d'affaires, portée par le rétablissement des marchés, a progressé de 5% à 1,7 milliard.
Les analystes ont cependant affiché leur prudence quant au rétablissement de la banque d'affaires, que la banque Wegelin a qualifié de "volatil".
Une répétition des solides résultats enregistrés par cette activité semblait "douteux", ont-ils ajouté dans une note.
La Banque cantonale de Zurich craint que "l'environnement va devenir l'année prochaine bien plus difficile pour la banque d'affaires".
La Bourse suisse a également réagi avec prudence, le titre cédant 3,08% à 58,20 francs suisses dans un marché en baisse de 0,63% à 08H55 GMT.
La gestion d'actifs (+465% à 311 millions) a pour sa part profité de la cession de certaines activités au gestionnaire de fortune britannique Aberdeen Asset Management, une opération qui a dégagé des gains exceptionnels de 207 millions.
"Si les marchés restent constructifs, nous pensons être en mesure de maintenir notre dynamisme", a estimé le directeur général Brady Dougan, cité dans le communiqué.
"Même si les marchés devenaient plus difficiles, nous pensons que le Credit Suisse reste bien positionné pour réaliser de bonnes performances", a-t-il ajouté.
La banque suisse, qui rejoint le nombre croissant d'établissements affichant de solides bénéfices (tels Morgan Stanley, Deutsche Bank ou encore Goldman Sachs), se dit aussi bien positionnée pour effectuer des acquisitions.
"Nous avons bien sûr l'intention de réaliser de petites et de moyennes acquisitions", a souligné M. Fassbind.
Le groupe prévoit également de verser "un dividende plus normalisé" pour l'année 2009, a-t-il ajouté, sans préciser.