A l'heure où les politiques vantent le "made in France", le gouvernement a attribué lundi huit nouvelles aides à la réindustrialisation, portant à 20 le total des entreprises, surtout des PME, soutenues pour relocaliser ou continuer à produire en France.
Le ministre de l'Industrie, Eric Besson, a souligné la "montée en puissance" du dispositif d'aide en place depuis un an et demi, à l'occasion d'une table ronde avec ses bénéficiaires à Bercy.
Le montant total déboursé par les pouvoirs publics, sous forme d'avances remboursables, se limite à 77 millions d'euros pour les 20 projets soutenus. Mais ceux-ci représentent 344 millions d'euros d'investissements, avec à la clé la création de 1.525 emplois en trois ans.
Trois autres entreprises devraient recevoir une aide "dans le mois qui vient" et dix projets supplémentaires "sont en train d'être étudiés", a indiqué M. Besson.
"Le fait de pouvoir bénéficier d'une aide à la réindustrialisation (ARI) a un véritable rôle d'entraînement" auprès des autres financeurs, a expliqué Joël Darnaud, directeur général délégué d'Oséo, qui verse les aides.
Pour Eric Launois, président de l'entreprise Ardenpal, qui fabrique des palettes de transport, l'aide reçue de 2,5 millions d'euros a "permis d'aller voir les banques avec plus de sérénité".
De son côté, Emmanuel Brochot, de la PME Valentin Traiteur, parle d'une "bouffée d'oxygène". Cela "nous a permis d'être un peu moins lié à nos partenaires financiers", a-t-il souligné.
"Aujourd'hui, la concurrence n'est pas sur la main-d'oeuvre, mais sur les financements", a résumé Jean-François Perrin, de l'entreprise MPO Energy, qui se diversifie dans les cellules photovoltaïques.
Thème de campagne
Plusieurs des industriels présents à Bercy ont expliqué maintenir de la production en France grâce à une forte automatisation.
L'idée de départ étudiée lors des Etats généraux de l'industrie était celle d'une prime à la relocalisation. Mais, à part quelques cas emblématiques, comme les opticiens Atol, le fabricant de ski Rossignol ou le groupe d'arts de la table Geneviève Lethu, le rapatriement de lignes de production délocalisées reste peu courant.
"Un quart des projets (bénéficiant d'une ARI, ndlr) se rapporte à la relocalisation", a précisé M. Besson.
Ces aides concernent donc finalement des investissements de plus de 5 millions d'euros, contribuant à la réindustrialisation de la France et créant au moins 25 emplois.
Les bénéficiaires sont des PME et des ETI (entreprises de taille intermédiaire), les critères, notamment de création d'emplois, étant élevés pour une TPE (très petite entreprise).
L'entreprise nordiste Meubles Demeyere, par exemple, a profité de la délocalisation vers la Pologne d'une usine d'une autre société de sa région. Les Meubles Demeyere ont alors racheté le site délaissé pour y installer une unité de fabrication de meubles en kit. Sur un investissement total de 28,8 millions d'euros, l'ARI reçue a été de 7 millions.
PDG d'Exagon Motors, entreprise de Bourgogne, Luc Marchetti s'est dit "convaincu que les Français regardent de plus en plus les produits fabriqués en France".
Selon une étude récente de l'Ifop, les Français sont prêts à payer plus cher pour du "made in France", mais guère plus que 10%.
La défense de la fabrication hexagonale s'annonce déjà comme un thème de la campagne présidentielle. Pour vanter le label Origine France Garantie, le président Nicolas Sarkozy se rend mardi en Haute-Savoie sur un site de Rossignol, qui a relocalisé en 2010 une partie de sa production de skis.