Les professionnels du tourisme "ne sont pas opposés" à un raccourcissement des vacances d'été à la condition obligatoire que la France soient découpée en zones, comme pour les vacances d'hiver, avec des dates suffisamment étalées pour ne pas plomber l'économie du secteur.
Plusieurs organismes et organisations représentatives ont été reçus par le le comité de pilotage sur les rythmes scolaires et au ministère, mais leurs inquiétudes ne sont pas levées.
"On est devant la citadelle de l'Education nationale, et face à cela le tourisme ne pèse pas lourd", regrette un de ses grands acteurs.
Le hiatus vient du fait qu'"on est perçu comme faisant du lobbying", résume Thierry Grégoire, président de la Fédération nationale des saisonniers au sein de l'UMIH, principal syndicat patronal de l'hôtellerie et de la restauration.
"Bien sûr qu'on veut préserver nos intérêts mais on est aussi avant tout des parents d'élèves", souligne-t-il.
Des voyagistes aux hôteliers en passant par les campings et les résidences de loisirs, tous les professionnels interrogés par l'AFP déclarent "ne pas être opposés" à un raccourcissement des vacances d'été mais à la condition obligatoire d'allonger la saison par la création de zones qui s'étaleraient du 15 juin au 15 septembre.
"Si le +zonage+ veut dire allonger la saison, on peut en discuter mais on ne peut que s'opposer à tout ce qui consiste en une réduction de la saison", résume Didier Chenet, patron du Synhorcat, deuxième syndicat hôtelier qui réclame "une concertation avant de faire quoi que ce soit".
"On n'a jamais été demandeurs d'une révision du calendrier scolaire", souligne Valérie Boned, directrice des affaires juridique du Syndicat national des agences de voyage.
Cela dit, "si on ne veut pas avoir tout le monde au même moment avec du monde sur les routes, être moins bien servi et pour plus cher, c'est juste du bon sens que de créer un découpage sur deux/trois zones", insiste-t-elle.
Le président de la Fédération nationale de l'hôtellerie de plein air Guylhem Féraud estime cependant que si le "zonage est positif et cohérent, le tourisme peut même s'en trouver renforcé".
Thierry Grégoire explique aussi qu'une saisonnalité plus grande permettrait d'éviter les surconcentrations vécues entre le 14 juillet et le 15 août avec "des populations multipliées parfois par 10 ou 20".
Outre de meilleures conditions tarifaires, un étalement des vacances permettrait aussi "d'allonger la durée des contrats de travail des saisonniers", affirme-t-il.
"Entre l'hiver et l'été, la différence d'employés saisonniers va de 1 à 3", selon M. Chenet.
Les professionnels restent aussi très attachés à la semaine du lundi au vendredi. Thierry Grégoire rappelle que le comportement des vacanciers a changé depuis 5/6 ans sous l'effet des 35 heures, d'offres plus nombreuses, du samedi libre ou encore du développement d'internet, avec des départs plus nombreux mais des durées de vacances de plus en plus courtes.
"On comprend bien que le principe numéro 1 est l'intérêt des enfants mais il faut aussi qu'on prenne en compte les intérêts des professionnels. Ne pas laisser le samedi matin libre serait un véritable drame", résume Jean-Pierre Serra, patron du Réseau national des destinations départementales (ex-comités départementaux du tourisme).
Quant à l'allongement des vacances de la Toussaint, peu de professionnels y voient un intérêt. "Pour le tourisme en France, ce n'est pas terrible comme saison. Pour le moyen ou le long courrier, cela ne change pas grand chose", explique François Marriette, président d'Odalys, spécialiste de l'hébergement touristique.
En revanche, tous sont favorables à une meilleure coordination des calendriers scolaires européens pour combler les périodes creuses françaises.