L'économie mondiale a évité une dépression "extrêmement menaçante", mais reste toujours confrontée à "une situation très complexe" notamment en raison de la montée du chômage, a estimé lundi le porte-parole du groupe des principales banques centrales Jean-Claude Trichet.
"Comme vous pouvez le voir, (nous avons) une situation où il y a des éléments encourageants, une confirmation du fait que nous avons évité une dépression extrêmement menaçante", a expliqué M. Trichet à l'issue d'une réunion des gouverneurs des grandes banques centrales au siège de la Banque des règlements internationaux (BRI) à Bâle (Suisse).
Mais il y a également "des éléments qui appellent à une vigilance permanente", a prévenu le responsable qui est également le président de la Banque centrale européenne (BCE).
Le monde est parvenu à mettre un terme à "la chute libre de l'économie" grâce aux mesures exceptionnelles mises en place par les gouvernements et les banques centrales, a relevé M. Trichet.
Les grandes économies de la planète ont débloqué des milliards d'euros pour soutenir banques et industrie tandis que les banques centrales injectaient des liquidités dans le système, faisant également appel à des mesures non conventionnelles.
Grâce à ces efforts, les signes de "stabilisation" à un niveau global sont "évidents", a-t-il insisté.
Toutefois, "l'heure n'est pas à la complaisance", a-t-il une nouvelle fois estimé.
"Concernant les perspectives auxquelles nous faisons face en termes d'économie réelle, la situation est très complexe avec un nombre très important de paramètres à prendre en compte", a-t-il poursuivi.
Parmi ces éléments, M. Trichet a cité le problème grandissant du chômage ainsi que les déséquilibres fiscaux, à même d'éroder une confiance vitale pour la reprise.
L'impact de la crise financière sur le chômage étant traditionnellement retardé, les experts s'attendent à ce que ce que l'emploi subisse le contre coup de la récession mondiale en 2010, notamment dans les pays industrialisés.
Dans la zone euro, le taux de chômage a atteint 9,7% en septembre, et les analystes prévoient une augmentation jusqu'à 10,7% en 2010 et 10,9% en 2011.
Aux Etats-Unis, le taux de chômage a dépassé la barre des dix pour cent en octobre (10,2%), une première depuis 20 ans.
Ainsi, même si les mesures non conventionnelles prises par les autorités sont supprimées de façon "progressive et opportune", les banquiers centraux restent "très, très, très persuadés que dans les circonstances actuelles, il reste un grand nombre de risques", a encore expliqué M. Trichet.
Selon le responsable, face à ces fragilités, le rôle des banques est de se concentrer sur la relance de la confiance des acteurs économiques mondiaux.
"La confiance reste l'essence" de ce que doivent faire les banques, a-t-il assuré.