L'interprofession de l’œuf va exporter d'urgence 15 millions d’œufs, afin de faire remonter rapidement les cours en France en attendant que les mesures structurelles prises par la filière portent leurs fruits, a-t-elle annoncé lundi.
"On a décidé de prendre des mesures d'urgence car les mesures de fond que nous avons prises ces dernières semaines ne donneront des résultats qu'à moyen terme", a expliqué à l'AFP le président du Comité pour la promotion de l’œuf (CNPO), Philippe Juven.
Les professionnels ont donc mis en place une cellule de crise, chargée notamment de vendre à l'étranger d'ici septembre 15 millions d’œufs coquilles, un chiffre qui correspond au niveau de surproduction estimé.
En retirant ces volumes du marché, l'offre d’œufs devrait donc être réduite, permettant de faire remonter mécaniquement les cours dans l'Hexagone.
Pour y parvenir, le syndicat national des industriels et professionnels de l’œuf (Snipo) bénéficiera du concours des services de l’État (missions économiques des ambassades, Direction générale de l'alimentation) afin de trouver les marchés et adapter l'offre aux normes des pays (date limite de consommation, marquage des œufs), a détaillé Philippe Juven.
Lors d'une réunion d'urgence à Rennes la semaine dernière, le ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll avait promis d'aider la filière à trouver des marchés à l'export. Il a également mis en place un guichet unique pour les producteurs les plus en difficulté.
La filière, qui produit quelque 14,5 milliards d’œufs par an, exportait jusqu'à présent essentiellement des ovoproduits (œufs transformés), et dans de faibles proportions.
Un collectif d'éleveurs en colère a détruit début août des centaines de milliers d’œufs en Bretagne, pour dénoncer la faiblesse des cours due à une situation de surproduction dans l'Hexagone.
Comme ce gâchis avait heurté le sentiment public, le CNPO a réitéré lundi son intention de donner des centaines de milliers d’œufs à des organisations comme les banques alimentaires. "On ne peut les donner qu'aux associations qui acceptent les dons" en nature, a détaillé Philippe Juven.
Pour juguler la production, la filière a par ailleurs décidé de fermer certains bâtiments ou de prolonger les périodes de vide sanitaire (moment où les éleveurs renouvellent leurs poules pondeuses). Ces mesures devraient, à terme, permettre de faire baisser la production de 6 à 7%.
Autant d'actions qui n'ont pas encore donné de résultats puisque les cours des oeufs sont restés stables la semaine dernière. Selon l'indicateur de référence, calculé par Les Marchés, la tendance nationale officieuse (TNO) de l’œuf calibré est restée stable en moyenne sur les calibres des gros et moyens œufs entre le 9 août et le 16 août, pour s'établir à 4,95 euros les 100 œufs, a indiqué à l'AFP le journal, spécialiste des cotations dans l'agroalimentaire.