Faire ses premiers pas en Bourse sans mettre en péril ses économies ne s'improvise pas: "ce n'est pas le casino, on n'investit pas pour avoir le résultat dès que la roulette a fini de tourner", assène un expert.
"La Bourse est une école de patience. Il faut investir sur ce que l'on comprend, ce qui veut dire: +je ne succombe pas aux sirènes de tous ces produits" promettant des gains mirobolants contre lesquels le gendarme de la Bourse met en garde, complète Sébastien Korchia, directeur des gestions actions de Meeschaert Asset Management.
Le rythme effréné des nouvelles entrées en Bourse en 2014 et l'embellie générale sur les marchés attirent un nombre croissant de particuliers, mais la liste des pièges à éviter pour investir ses économies dans des actions est presque plus longue que celle des conseils à suivre.
"Les premiers conseils, sont des conseils de choses à ne pas faire", explique ainsi Vincent de Palma, directeur des propositions clients chez HSBC.
Il ne faut "pas investir en Bourse le petit matelas qu'on met de côté en cas de coup dur", détaille-t-il en invitant à mobiliser l'argent qui reste "une fois que +j'ai mis mon épargne de précaution de côté, que j'ai constitué celle pour financer les études de mes enfants ou acheter ma résidence principale".
Autre impératif : écarter d'emblée les produits les plus dangereux, sur lesquels le particulier peut perdre plus que son capital de départ, et contre lesquels l'Autorité des marchés financiers (AMF) n'a de cesse de lutter, comme ceux liés au marché des changes, le Forex, où les arnaques se multiplient.
- "Accepter de prendre des gamelles" -
Passés ces écueils, les conseils des professionnels peuvent se résumer à quelques proverbes : "Ne pas mettre tous ses oeufs dans le même panier" ou "Tout vient à point à qui sait attendre"...
"Ces vieux adages ne sont pas du tout ringards, ce que les gens font dans la vie de tous les jours, il faut aussi l'appliquer en Bourse", explique M. Korchia.
Les professionnels s'accordent en effet sur plusieurs "règles d'or": diversifier son portefeuille, investir sur le long terme (5 ans minimum), se documenter et ne pas s'aventurer au-delà de ce que l'on comprend. Le placement de longue durée permet des performances supérieures, insiste M. Korchia.
Et mieux vaut investir progressivement, sur 10 valeurs au maximum pour mieux les suivre, juge de son côté Nicolas de Menthon, directeur de la clientèle privée chez Cholet Dupont.
"Un client qui n'y connait rien, peut débuter par des OPCVM", conseille M. Palma. Ces organismes de placement collectif permettent de déléguer la gestion des fonds que l'on veut placer à un professionnel.
Une fois familiarisé avec le marché, l'investisseur pourra acheter directement des actions, de préférence en optant pour des entreprises de "son environnement quotidien", dit M. Korchia.
"Etre un actionnaire minoritaire en Bourse, ce n'est pas non plus être le partenaire historique et financier de l'entreprise, il faut donc laisser de côté tout attachement", prévient toutefois M. de Menthon.
Tous enjoignent l'investisseur à suivre assidument l'actualité économique pour comprendre le fonctionnement du marché autant que l'environnement de l'entreprise, sans être non plus "derrière son écran toute la journée, (car) on ne regarde pas ses plantes pousser", nuance M. Korchia.
"Il y a beaucoup d'informations, il faut prendre le temps de les comprendre" et "il faut aussi accepter de prendre des gamelles parfois", observe Jérémy Aras, ingénieur patrimonial à l'Institut du Patrimoine.
"Il ne s'agit pas de détruire le côté ludique de la Bourse, ni de la diaboliser, mais c'est un jeu avec ses règles, ses risques et ses modes de fonctionnement", souligne M. Palma.
Au final, la Bourse est-elle un monde réservé aux pros ?
Oui, "la Bourse est un monde de professionnels", répond M. Palma, "mais ce n'est pas non plus le Grand Méchant Loup" et pour ceux qui "veulent investir dans l'économie, il n'y a pas de participation plus directe que d'avoir des actions dans une entreprise".