Le patronat européen de la sidérurgie (Eurofer) menace d'attaquer Bruxelles devant la justice, estimant que la nouvelle directive de la Commission sur les émissions de gaz à effet de serre devrait coûter au secteur 5 milliards d'euros supplémentaires sur la période 2013-2020.
Eurofer "va contester la décision sur les seuils de référence européens en matière d'émissions de CO2 une fois ceux-ci adoptés par la Commission mi-avril", annonce lundi l'association patronale dans un communiqué.
Selon elle, le processus engagé par la Commission ne respecte pas les grands principes européens régissant les émissions de CO2.
L'Union européenne prévoit en effet que les industriels les plus performants des secteurs faisant face à une forte concurrence internationale touchent des "droit à polluer" leur permettant de couvrir leurs émissions, afin d'éviter des délocalisations, selon Eurofer.
"C'est la loi, mais comme cela n'est pas appliqué à l'industrie de l'acier, et que ça aboutit à des milliards de coûts supplémentaires, nous n'avons pas d'autre choix que d'aller en justice", fait savoir Gordon Moffat, le directeur général d'Eurofer cité dans le communiqué.
Selon Eurofer, la nouvelle directive ne prend pas en compte le fait que la chaleur des hauts-fourneaux pourrait être réutilisée par l'industrie sidérurgique pour produire de l'électricité. Cela permettrait, selon elle, d'épargner des millions de tonnes de CO2.
Le patronat reproche aussi à la Commission européenne de n'avoir pas utilisé les données fournies par l'industrie lors de la fixation des seuils de référence mais plutôt les documents "sur les meilleures technologies qui ne reflètent pas les réalités techniques de l'industrie", ce qui fausse "davantage les seuils de référence et accroît le poids financier".
En conséquence "les seuils de référence sont techniquement irréalisables".
"Le résultat des coûts supplémentaires pour l'industrie européenne de l'acier sera d'environ 5 milliards sur la période 2013-2020, en plus des 6 milliards d'euros" qui seront nécessaires pour aligner la profession sur les performances des groupes les moins pollueurs, et des 12 milliards d'euros de hausse des tarifs de l'électricité qui vont être appliqués pour rendre les centrales moins polluantes, plaide le lobby de l'acier.