La proportion de Français qui détenaient un crédit en 2011 est restée stable par rapport à 2010 malgré l'aggravation de la crise de la dette, selon l'Observatoire des crédits aux ménages.
Mais les ménages se montrent désormais très prudents, avec des anticipations de demande de nouveaux prêts pour 2012 au plus bas, d'après cette étude.
"Le fait marquant en 2011 est que dans un environnement peu favorable à partir de l'été, le taux de détention de crédits est resté stable par rapport à 2010", a commenté jeudi Michel Mouillart, professeur d'économie et responsable de l'observatoire, en présentant le rapport annuel de l'organisme.
Près d'un ménage sur deux (49,4%) avait un crédit en 2011, selon une enquête réalisée en novembre pour l'observatoire, soit un niveau stable par rapport à 2010 (49,5%), année qui marquait un plus bas depuis 1995.
La détention de prêts immobiliers a légèrement progressé l'an dernier, passant de 30,5% en 2010 à 31% grâce au dynamisme des marchés immobiliers début 2011.
Le fléchissement observé ensuite durant l'été, alors que la crise de la dette souveraine en zone euro battait son plein, a fait place à l'automne à un rebond provisoire lié aux annonces sur la refonte du prêt à taux zéro renforcé (PTZ+) et sur la disparition fin 2012 du dispositif Scellier.
Du côté des crédits à la consommation, M. Mouillart évoque "une stabilisation qui tranche avec les deux années de recul observées précédemment". Le taux de ménages qui bénéficient de ce type de prêt était de 30,2% en 2011, après 30,1% en 2010.
Les changements dans l'utilisation du crédit à la consommation se sont confirmés. Les ménages y ont essentiellement recours pour réaliser des projets durables, comme l'achat d'un bien d'équipement ou d'un véhicule, et en minorité seulement pour des dépenses de loisirs ou de consommation courante.
"Le canal utilisé pour accéder au crédit conso s'est transformé", souligne également Michel Mouillart. Davantage de personnes contractent ce genre d'emprunt auprès de banques et d'organismes de crédit, et la diffusion via des cartes "magasin" continue de reculer, indique-t-il.
En 2012, la proportion de détenteurs de crédits (immobiliers et consommation) pourrait en revanche diminuer, conséquence des difficultés et des inquiétudes qui accompagnent la crise de la dette et pèsent sur les perceptions des ménages.
Ainsi, 46% des ménages détenant un crédit considèrent que leur situation financière s'est dégradée au cours des six derniers mois, soit 5,6% de plus qu'en 2010. Pour l'ensemble des ménages, ce chiffre est de 46,4% (+6%).
Ce phénomène accompagne la détérioration du moral des Français, qui était en décembre au plus bas depuis fin 2008, selon les données de l'Institut national de la statistique (Insee).
Fin 2011, 14,3% des ménages ayant un crédit jugeaient les charges de remboursement de leurs prêts trop ou beaucoup trop élevées contre 13,8% fin 2010, mais cette dégradation reste "contenue", pointe le rapport, car 85,7% de ces mêmes ménages les considèrent supportables.
"En 2011, les conditions de crédit sont restées tout à fait satisfaisantes", affirme le professeur Mouillart. Les taux des crédits ont faiblement progressé et l'allongement des durées des crédits immobiliers observé sur le premier semestre en a compensé les effets, souligne-t-il.
D'après lui, c'est bien la détérioration de l'environnement général qui est en cause.
"Quand les ménages sont inquiets et pas particulièrement confiants sur l'évolution de la situation économique, ils abandonnent une partie importante de leurs projets", souligne-t-il.
"La demande de crédits est déprimée, certes, mais il y a des possibilités de rebond au deuxième semestre 2012", veut croire Michel Mouillart.
La Fédération bancaire française, dont dépend l'observatoire, assure en tout cas que l'offre de crédit sera au rendez-vous.