La Réserve fédérale des Etats-Unis s'est dotée mercredi d'un objectif d'inflation et a promis de fournir encore longtemps un soutien exceptionnel à la reprise de l'économie américaine, pour laquelle elle a revu à la baisse ses prévisions de croissance.
Les dirigeants de la Fed ont tranché un débat qui les agitait depuis de longues années. C'est aujourd'hui officiel: la politique monétaire de la Réserve fédérale a pour objectif d'ancrer la hausse des prix à 2,0% par an.
Mais cet objectif - que partage la Banque centrale européenne (BCE) - n'est pas le seul. Le Comité de politique monétaire de la Fed (FOMC) prend soin de le rappeler dans un nouveau document détaillant ses "buts et [sa] stratégie à long terme".
La Fed a en effet mission d'assurer "le plein emploi, la stabilité des prix et des taux d'intérêt à long terme raisonnables".
Si "le taux d'inflation est déterminé en premier lieu par la politique monétaire", il n'en va pas du tout de même pour le plein emploi, explique la Fed.
La communication d'un objectif d'inflation doit "contribuer à arrimer fermement les attentes d'inflation à long terme" et donc contribuer à la stabilité des prix et améliorer ainsi "la capacité du Comité à promouvoir le plein emploi en période de perturbations économiques considérables", ajoute la Réserve fédérale.
"Nous traitons [le plein emploi et l'inflation] de manière symétrique", a insisté le président de la Fed, Ben Bernanke, lors d'une conférence de presse.
Pour l'heure, la situation des Etats-Unis telle qu'elle est perçue par la Fed fait que ces deux buts apparaissent "complémentaires".
Le FOMC, qui a revu en baisse ses prévisions de croissance pour les deux années à venir (à 2,2-2,7% pour fin 2012 et 2,8-3,2% pour fin 2013) estime que la reprise économique se poursuit de façon "modérée".
Pour M. Bernanke, elle reste menacée par "les vents contraires en provenance d'Europe, ou provoqués par le ralentissement de l'économie mondiale et par d'autres facteurs".
Le taux de chômage, de 8,5% en décembre, devrait être encore, au mieux, de 6,7% fin 2014 estime la Fed, pour qui le plein emploi correspond à l'heure actuelle à un taux de chômage résiduel compris entre 5,2 et 6,0%.
De plus, le Comité craint que l'inflation ne tombe à des niveaux qu'il juge trop faibles dans les trimestres à venir.
En conséquence, pour éviter que l'économie ne s'approche trop de la zone dangereuse de la déflation et pour continuer de soutenir l'investissement et la consommation, le FOMC a annoncé qu'il maintenait son cap de politique monétaire.
Le taux directeur reste donc dans la marge de fluctuation de 0 à 0,25% qui lui est assignée depuis plus de trois ans.
Le Comité promet une politique "hautement accommodante" pour un certain temps encore, passant par le maintien d'un taux "exceptionnellement bas [...] jusque fin 2014 au moins". Pour une majorité de membres de la Fed cela veut dire qu'il devrait être inférieur ou égal à 1% à cette date.
La Fed confirme également la poursuite de ses autres mesures de politique monétaire non conventionnelles, décidées en septembre et destinées à faire baisser encore un peu plus les taux d'intérêts à long terme.
Mais elle pourrait injecter de nouveau des liquidités en masse dans le circuit financier comme elle l'a fait de 2008 à 2010, "si nous voyons que la reprise fléchit ou que l'inflation ne prend pas la direction voulue", a dit M. Bernanke.