Investing.com - Ben Laidler, stratège des marchés mondiaux chez eToro, discute de la force du dollar et des développements attendus ainsi que des impacts négatifs et positifs de cette situation. "La Fed doit faire preuve de plus de clarté pour mettre fin à la guerre des devises", note Laidler.
"Il fut un temps où les pays réduisaient les taux d'intérêt pour affaiblir les monnaies et voler le chemin de la croissance aux autres. Cela a maintenant changé. L'indice du dollar américain, en hausse de 20 % cette année, est à l'origine de la faiblesse des devises mondiales et alimente les craintes d'inflation", note l'expert d'eToro.
Selon lui, "cela oblige beaucoup de pays à relever leurs taux d'intérêt ou à intervenir pour défendre leur monnaie, des achats purs et simples du Japon aux restrictions indirectes de la Chine et à l'intervention verbale du Royaume-Uni. Mais le bilan de l'intervention est médiocre et ne fait que ralentir la "boule de démolition" du dollar, et il faut plus de clarté sur la fin du cycle de relèvement des taux de la Fed. D'ici là, le dollar continuera d'exercer une pression sur de nombreuses devises, telles que la livre sterling et l'euro, et seules quelques-unes en bénéficieront.
Plus de hausses ?
"Le dollar a déjà augmenté, il est très cher et les marchés voient dans le mois de janvier la fin du grand cycle de hausse des taux de la Fed. Mais les importantes hausses de taux d'ici là et la forte aversion au risque des investisseurs maintiennent le dollar comme actif de choix, alors que les tendances de nombreuses autres devises sont mauvaises. Avec des risques de récession en hausse, des taux d'intérêt réels fortement négatifs et des tensions liées à l'augmentation des dépenses budgétaires, les responsables politiques pourraient freiner verbalement le dollar lors de la réunion des ministres du G20 le 14 octobre. Mais il ne s'agirait que d'un soulagement temporaire jusqu'à ce que les catalyseurs fondamentaux s'atténuent. Dans l'intervalle, de nombreuses valorisations, telles que la livre sterling et l'euro, ne sont toujours pas bon marché", souligne M. Laidler.
Effet négatif
L'analyste d'eToro note que "les impacts négatifs de la force du dollar sont bien documentés, entraînant une hausse de l'inflation locale, en particulier dans des pays comme le Royaume-Uni avec une grande proportion de biens importés, en resserrant les conditions financières, en particulier dans les marchés émergents avec beaucoup de dette en dollars américains qui ont maintenant besoin de plus de monnaie locale pour rembourser".
"Réduisant également la croissance des bénéfices des entreprises américaines d'environ 5 %, car le renforcement du dollar rend son secteur technologique mondialisé moins compétitif. Mais il y a des gagnants, qu'il s'agisse de la baisse des prix des produits de base, de l'amélioration de la compétitivité des exportateurs locaux ou de la baisse de l'inflation américaine", conclut-il.