La Chine a annoncé lundi la remise en service de 54 trains à grande vitesse de la ligne Pékin-Shanghai rappelés après une tragique collision de TGV qui avait suscité de graves inquiétudes sur la sécurité d'un réseau à grande vitesse chinois en plein essor.
Après cet accident, l'arrêt de ces trains en août pour des "problèmes techniques", sur une ligne emblématique fraîchement inaugurée, avait représenté un autre coup sévère pour l'industrie ferroviaire chinoise.
Ces 54 TGV vont être remis en service après avoir bénéficié de "modifications", a rapporté l'agence Chine nouvelle.
"Au terme d'un processus de modifications et d'essais répétés d'une durée de trois mois, les problèmes relevés sur les trains CRH 380BL ont tous été résolus. La mise en service va reprendre graduellement à partir de mercredi", a déclaré à l'agence un responsable du ministère des Chemins de fer.
"Si tout se déroule bien, tous les trains qui avaient été rappelés auront repris du service d'ici au 6 décembre", a-t-il ajouté.
Le rappel était intervenu peu après une collision de deux TGV qui avait fait 40 morts, le 23 juillet près de Wenzhou (est), le pire accident ferroviaire en Chine depuis 2008.
L'accident, avait non seulement mis en doute la fiabilité technique du réseau, mais aussi fortement menacé de pénaliser l'industrie ferroviaire chinoise sur les marchés étrangers.
Fière de sa technologie acquise grâce à des transferts étrangers, la Chine avait entrepris d'exporter du matériel pour la grande vitesse, s'affrontant à des multinationales comme le français Alstom, le canadien Bombardier ou l'allemand Siemens.
Peu après l'accident, la Chine avait annoncé suspendre tout nouveau projet de construction dans les chemins de fer.
La catastrophe de Wenzhou avait déclenché un flot de messages sur internet où des Chinois ont accusé le gouvernement de sacrifier leur sécurité au développement économique effréné du pays.
Même le très officiel organe du Parti communiste, le Quotidien du Peuple, avait averti que le PIB de la Chine ne pouvait être "taché de sang".
Quelques jours plus tard, la China CNR Corp -- une compagnie étatique chinoise -- avait annoncé dans un communiqué à la Bourse de Shanghai rappeler 54 trains à grande vitesse en opération, "pour des analyses systématiques des causes de certains problèmes techniques". Le rappel avait affecté environ un quart de la desserte.
L'annonce de la remise en service des 54 TGV a été accueillie favorablement à la Bourse de Shanghai, où l'action de la compagnie CNR a enregistré lundi une hausse à mi-séance.
La ligne à grande vitesse reliant Pékin à Shanghai, lien symbolique entre la capitale politique et la capitale économique de la Chine d'un coût de construction de 33 milliards de dollars, avait été inaugurée en fanfare fin juin en présence du Premier ministre, Wen Jiabao.
Mais divers problèmes techniques, comme des pannes d'électricité, de fréquents retards et un manque d'affluence de passagers ont entaché ses débuts.
Début novembre, la presse chinoise a rapporté que le gouvernement prévoyait d'injecter 200 milliards de yuans (23 milliards d'euros) dans des projets ferroviaires paralysés à la suite du grave accident de TGV en juillet.
Le réseau de TGV chinois, seulement inauguré en 2007, a connu un essor fulgurant pour devenir le plus vaste du monde. Il doit passer de 8.358 km fin 2010 à plus de 13.000 km en 2012 et à 16.000 km en 2020.