L'année 2012 a débuté par une nouvelle hausse en janvier du nombre de demandeurs d'emploi, mais à un rythme divisé par deux par rapport aux mois précédents, la France recensant toujours plus de 2,8 millions de personnes sans emploi.
Le nombre de demandeurs d'emploi sans activité en France métropolitaine a progressé en janvier, pour le neuvième mois consécutif, de 13.400 personnes soit une hausse de 0,5% par rapport à décembre, selon les chiffres publiés vendredi par la Dares (ministère du Travail).
En France métropolitaine, 2.861.700 demandeurs d'emploi étaient ainsi sans activité fin janvier, un niveau inégalé depuis douze ans. Sur un an, la hausse dépasse les 6,2%. Depuis le début du quinquennat de Nicolas Sarkozy, la France compte plus de 700.000 demandeurs d'emploi supplémentaires.
Si l'on inclut ceux qui exercent une activité réduite (catégorie A + B et C), 4,25 millions de personnes cherchaient un travail en janvier (+0,1%).
Le nombre global de demandeurs est moindre qu'en décembre, malgré la hausse enregistrée, car la Dares a procédé à une correction des données entre 1996 et décembre 2011, comme chaque année en janvier, explique l'organisme. Quelque 26.200 demandeurs d'emploi sont ainsi sortis des statistiques 2011.
"La correction porte sur l'équivalent d'un mois de hausse du chômage", remarque la présidente du Conseil d'orientation pour l'emploi (COE), Marie-Claire Carrère-Gée, soulignant que "ces révisions, habituelles, ont parfois été de plus grande ampleur, comme en 2009".
La dégradation du front de l'emploi a été moins forte en janvier qu'elle ne l'avait été les mois précédents.
Le ministre du Travail et de l'Emploi, Xavier Bertrand, a interprété ce "ralentissement de l'augmentation" comme "le résultat des efforts déployés" par le gouvernement: montée en puissance du Contrat de sécurisation professionnelle pour les licenciés économiques et recours facilité au chômage partiel.
"C'est un peu moins qu'en décembre mais tant que la conjoncture n'aura pas donné des signaux plus robustes de rebond, le marché du travail restera extrêmement fragile, c'est ce que disent ces chiffres", a commenté Philippe Waechter, directeur des études économiques chez Natixis.
Même si la récession redoutée n'a pas eu lieu au quatrième trimestre 2011 (+0,2% de croissance), l'Insee prévoit 61.000 destructions d'emplois salariés au premier semestre 2012. Et l'économie française a pour la première fois depuis fin 2009 détruit des emplois salariés au dernier trimestre 2011.
Pour Marion Cochard, économiste à l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), ces chiffres "s'inscrivent dans la tendance de dégradation observée depuis avril 2011". Elle souligne "le nombre encore important d'entrées à Pôle emploi en fin de CDD et d'intérim".
Elle observe une forte hausse des entrées en catégories D et E (licenciés économiques en formation et contrats aidés). "Tous ces gens se retrouveront dans la catégorie A des chômeurs bientôt", prédit-elle, en rappelant qu'"il faudrait 1,5% de croissance par an" pour inverser la tendance.
Les chiffres montrent "un petit signe positif pour les jeunes et surtout les seniors", deux catégories d'ordinaire les plus touchées, relève tout de même Mme Carrère-Gée.
Le nombre de demandeurs d'emplois de moins de 25 ans est en baisse de 0,6%, celui des + de 55 ans également (-0,5%). "Cette baisse du nombre de seniors n'est pas significative mais c'est la deuxième seulement depuis 2008", précise-t-elle.
Plus inquiétant, le nombre des demandeurs d'emploi de très longue durée (3 ans ou plus), augmente de 1,4%. Et surtout le nombre de bénéficiaires du RSA (Revenu de solidarité active) qui explose (+7% toutes catégories), "preuve que la crise est durable", souligne Mme Cochard.