La Russie et l'Ukraine ont trouvé un accord sur le transit de pétrole russe vers l'Union européenne, éloignant les craintes d'interruption des livraisons, alors que le Premier ministre russe Vladimir Poutine a accusé Kiev d'abuser de sa situation.
"Hier soir, tout a été réglé, l'avenant (au contrat pétrolier, ndlr) a été signé", a déclaré Valentin Zemlianski, porte-parole de la société ukrainienne des hydrocarbures Naftogaz.
Une porte-parole du ministère russe de l'Energie a confirmé la signature de cet accord, mais n'a toutefois pas pu donner de détails concrets sur ses termes.
Selon M. Zemlianski, le tarif du transit du pétrole via l'Ukraine va augmenter de 30% alors que les volumes du transit à travers l'oléoduc Droujba resteront au même niveau qu'en 2009, soit à 15 millions de tonnes de brut en 2010.
Kiev a par ailleurs accepté d'abandonner le principe "prend ou paie" qu'il souhaitait introduire pour forcer Moscou à payer pour l'ensemble du volume de transit, même si celui-ci s'avère inférieur au final à ce qui était convenu, selon la même source.
Mardi matin, le Premier ministre russe a tenu des propos peu amènes à l'égard de l'Ukraine, l'accusant d'"abuser" de sa position de pays transitaire, mais a assuré que les livraisons ne seraient pas interrompues.
"Nous sommes prêts à fournir (du pétrole), nous avons des contrats, mais si l'un des pays de transit abuse (de la situation), qu'est-ce qu'on peut faire?", a-t-il lancé, au deuxième jour de sa visite en Extrême-Orient russe, dans des propos retransmis par la télévision russe. "Je pense que les contrats (de livraisons de pétrole) seront honorés", a-t-il cependant jugé.
"Le problème réside dans le fait que les pays de transit abusent de leur position pour obtenir des prix exclusifs pour leur consommation domestique, et même souvent pas uniquement pour la consommation intérieure mais pour créer un +business+, pour revendre sur le marché parallèle, pour réexporter", a encore accusé le chef du gouvernement.
L'Ukraine avait fait savoir lundi qu'elle voulait revoir l'accord conclu avec la Russie en 2004 sur le transit de pétrole russe vers l'UE, en modifiant l'avenant annuel au contrat expirant le 31 décembre et dans lequel les volumes de transit et le prix sont spécifiés.
Selon le gouvernement slovaque, Moscou avait déjà notifié l'UE d'une possible interruption des approvisionnements de pétrole via l'Ukraine à la Slovaquie, la Hongrie et la République tchèque.
Malgré ces assurances, ce nouvel épisode des tumultueuses relations énergétiques russo-ukrainiennes soulève une fois de plus la question de la dépendance des Européens vis-à-vis des pays de l'ex-URSS.
Début janvier, en plein hiver, un différend entre Kiev et Moscou sur le dossier du gaz avait entraîné une interruption de deux semaines des livraisons russes vers l'UE, dont 80% transitent par l'Ukraine.
Selon Chris Weafer, économiste de la banque d'investissement moscovite Uralsib, la répétition d'un tel scénario était peu probable.
"Ce n'est ni dans l'intérêt de l'Ukraine, ni dans celui de la Russie de voir une répétition du conflit énergétique de janvier dernier. L'Ukraine a terriblement besoin des derniers financements du Fonds monétaire international (FMI) et la Russie essaie d'améliorer son climat d'investissement et son image de partenaire fiable de l'UE", explique-t-il dans une note.
La Commission européenne s'est félicitée mardi de l'accord trouvé entre l'Ukraine et la Russie qui "évite l'interruption de pétrole à l'UE", a dit le commissaire européen à l'Energie Andris Piebags.