Nicolas Sarkozy a fixé lundi les priorités de sa présidence des G20 et G8, dont la réforme du système monétaire international (SMI) avant d'évoquer d'autres questions internationales et notamment la Tunisie, où il a reconnu "une sous-estimation" de la "désespérance" populaire.
Le chef de l'Etat a pris la défense de Michèle Alliot-Marie, assurant que la ministre des Affaires étrangères avait voulu "éviter qu'il y ait plus de drames" en Tunisie, même s'il a reconnu que ses propos contestés du 11 janvier sur une coopération policière française ont pu prêter à "polémique".
Alors que le gouvernement français a été vivement critiqué pour son attentisme lors des émeutes en Tunisie, qui ont abouti à la chute du régime de l'ex-président Ben Ali, M. Sarkozy a revendiqué "une certaine réserve" de la France concernant les événements dans ses ex-colonies et "spécialement en Algérie", où des manifestations ont été réprimées.
A propos de la Côte d'Ivoire, il a réaffirmé que le gouvernement du président reconnu par la communauté internationale, Alassane Ouattara, était le seul "légal et légitime", saluant l'ambassadeur ivoirien Ali Coulibaly présent dans la salle.
Pour la troisième conférence de presse depuis son élection, qui a duré 1H45, M. Sarkozy avait convié à l'Elysée les journalistes et les ambassadeurs étrangers accrédités en France pour leur présenter ses voeux. De nombreux membres de son gouvernement étaient également présents.
Il est aussi revenu sur le cas des deux jeunes Français enlevés le 7 janvier à Niamey (Niger) et tués le lendemain au Mali, un enlèvement revendiqué par Aqmi (Al-Qaïda au Maghreb islamique).
L'intervention française pour tenter de les libérer était la "seule décision à prendre" selon M. Sarkozy, qui a plaidé pour "la fermeté et le courage" face au terrorisme.
Le chef de l'Etat s'est voulu rassurant à propos des otages enlevés dans le nord du Niger ainsi que des journalistes de France 3 retenus en Afghanistan en affirmant qu'ils étaient "en vie".
Concernant l'Iran, il a réclamé "un renforcement des sanctions" en raison de son programme nucléaire contesté.
Dans la première partie, M. Sarkozy a longuement présenté les priorités de la présidence française des G8 et G20 cette année et notamment la réforme du système monétaire international (SMI), avec l'instauration d'une "taxe sur les transactions financières" - qui est loin de faire l'unanimité, a-t-il reconnu - pour trouver "de nouvelles ressources pour le développement".
M. Sarkozy entend aussi donner une tonalité sociale à sa présidence de ces organisations des pays les plus industrialisés avec "la mise en place d'un socle de protection sociale universel".
Le chef de l'Etat a assuré que la présidence française aurait "des résultats" et qu'il se battrait pour qu'ils soient "le plus important possible", mais il a reconnu qu'il était "impossible aujourd'hui de dire ce qu'il en sera".
Pour répondre aux réticences américaines, il a affirmé que Paris n'entendait pas, dans le cadre de la réforme du SMI, remettre en cause le "rôle éminent" du dollar ni instaurer un "contrôle des capitaux".
Il proposera aussi à ses homologues des pays les plus industrialisés "un code de conduite en matière de gestion des flux de capitaux".
Autre volonté de la France: "élargir" le rôle du Fonds monétaire international (FMI) en modifiant "éventuellement" ses statuts, a dit le chef de l'Etat, qui a par ailleurs éludé les questions sur la politique intérieure.