La Russie a enregistré une croissance quasi nulle au troisième trimestre, ce qui rend la prévision du gouvernement d'une croissance de 1,8% pour 2013 "optimiste", a indiqué mercredi un vice-ministre.
"Nous espérions pouvoir mettre fin à la tendance de ralentissement de la croissance économique et à cette stagnation, que nous observons actuellement, non seulement au premier semestre mais aussi au troisième trimestre, c'est à dire avec une croissance du PIB quasi nulle", a déclaré un vice-ministre du Développement économique, Andreï Klepatch, cité par les agences russes.
"La prévision actuelle de croissance pour l'année est de 1,8%. Je dirais qu'il s'agit d'une prévision optimiste parce que l'extrapolation des statistiques actuelles donne environ 1,5% à 1,6% pour l'année", a-t-il ajouté.
Si cette estimation se confirme, elle marquera un fort ralentissement après 3,4% en 2012 et 4,3% en 2011 et la plus faible croissance enregistrée par la Russie depuis la récession de 2008-2009.
Le pays a enregistré une croissance de 1,4% au premier semestre par rapport à la même période un an plus tôt. Mais cette progression en glissement annuel correspond à un état de "stagnation" trimestre par trimestre, selon le terme employé par le gouvernement.
Certains économistes jugent même le pays en récession, le produit intérieur brut ayant subi deux trimestres de suite de recul si l'on prend en compte les statistiques corrigées des variations saisonnières, particulièrement marquées en Russie.
Le gouvernement, qui prévoyait en début d'année une croissance de 3,6%, a déjà revu deux fois son pronostic à la baisse, mettant surtout en cause les difficultés économiques de la zone euro, où se trouvent ses principaux partenaires commerciaux.
La croissance industrielle du pays reste au point mort depuis le début de l'année et les investissements ont chuté, tandis que la consommation des ménages reste orientée à la hausse.
Le pays a subi par ailleurs d'importantes fuites de capitaux, comme l'ensemble des pays émergents, qui ont provoqué une chute de 10% du rouble depuis le début de l'année.
Il souffre par ailleurs, selon nombre d'experts, d'un climat des affaires qui reste difficile pour les entreprises avec une bureaucratie lourde, une corruption persistante et un système judiciaire souvent soupçonné d'être instrumentalisé.
Le vice-ministre du Développement économique a répété mercredi attendre un "retour à la vie à la fin de l'année, en premier lieu de la demande pour les investissements, mais aussi des services à la population".
Il a confirmé attendre pour la période 2014 à 2016 des taux de croissance entre 3% et 3,5%.
Le Fonds monétaire international a récemment abaissé sa prévision de croissance à 1,5% pour 2013. L'institution basée à Washington conseille dans son rapport sur l'économie mondiale publié début octobre de "mettre en place des réformes pour augmenter son potentiel de croissance", estimant que l'économie fonctionne déjà au maximum de ses capacités.
"La priorité est d'augmenter le potentiel de croissance, d'améliorer le régime d'investissement, de faciliter de nouvelles productions d'énergie, de réduire l'implication de l'Etat dans l'économie et de renforcer progressivement les mécanismes d'absorption des chocs budgétaires", a écrit le FMI.
Le budget reste pour l'instant proche de l'équilibre grâce aux prix élevés du pétrole mais le gouvernement a récemment prévenu qu'il fallait se préparer à des sacrifices.