Après les déboires de l'A380 et de l'A400M, Airbus se montre désormais plus réaliste sur l'état d'avancement de ses programmes, notamment sur son nouveau long-courrier A350 en matériaux composites, finalement livré avec six mois de retard.
La premier A350 sortira d'usine au premier semestre 2014 et non plus fin 2013 comme annoncé précédemment, a annoncé jeudi EADS, maison mère d'Airbus, lors de la publication de ses chiffres trimestriels.
Le démarrage de l'assemblage est aussi décalé au premier trimestre 2012 et non pas fin 2011. Sur le plan financier, ce retard "induit une charge" de 200 millions d'euros sur ses résultats.
L'A350 XWB est un biréacteur long-courrier développé avec une majorité de matériaux composites plus légers, destiné à concurrencer les avions américains Boeing 777 et le nouveau 787 "Dreamliner".
"A l'avenir la performance" opérationnelle "dépendra de la capacité du groupe à exécuter ses programmes A400M, A380 et A350 XWB, conformément aux engagements pris envers ses clients", a prévenu EADS.
Airbus avait repoussé plusieurs fois le lancement de l'A380, qui a finalement été mis en service en 2007. Le super jumbo a ensuite connu une série de difficultés de production.
Le premier exemplaire de l'avion militaire A400M doit quant à lui être livré en 2013, au lieu de fin 2009.
Des retards qui ont crispé certaines compagnies aériennes, contraintes d'attendre de nouveaux appareils pourtant jugés nécessaires à leur développement.
Lors du salon du Bourget, en juin, le constructeur avait déjà annoncé un an et demi de retard sur la livraison de deux des trois versions de l'appareil - l'A350-800 et l'A350-1.000 - pour, selon lui, prendre le temps de l'équiper de nouveaux moteurs plus performants.
L'A350 se présente sous trois versions: l'A350-800 (la plus petite), l'A350-900 (la moyenne) et l'A350-1.000 (la plus longue).
Une annonce qui avait été alors mal reçue par le plus gros client de l'A350, Qatar Airways. Ce nouveau retard pourrait susciter de nouveaux remous lors du salon aéronautique de Dubaï, qui s'ouvre dimanche.
Mais pour Airbus, il ne s'agit pas seulement de livrer à temps. "La maturité des programmes est une priorité absolue" et "notre but" est de s'assurer que les avions remis aux clients "ne présentent aucun problème", a expliqué le directeur financier d'EADS, Hans Peter Ring, lors d'une conférence de presse téléphonique.
L'avionneur européen n'a jamais caché que ce programme était soumis à une forte pression.
Mi-octobre, le numéro deux d'Airbus, Fabrice Brégier, expliquait ainsi à l'AFP que certains "sous-traitants qui sont en difficulté" "ne livrent pas à temps" les pièces de l'appareil.
Et jeudi, EADS n'a pas exclu d'autres difficultés. "Nous n'avons pas encore fait voler l'avion", a souligné Hans Peter Ring et ce qui est annoncé correspond "à ce que nous savons aujourd'hui".
L'avionneur américain Boeing a lui aussi connu des retards sur son dernier né. Le premier exemplaire du 787 a été remis à la compagnie japonaise ANA en septembre dernier, avec trois ans de retard.
Au total, une trentaine de compagnies ont commandé 567 A350, selon un bilan publié fin octobre.
A la mi-journée, l'action EADS s'envolait à la Bourse de Paris (+6,54% à 21,27 euros). Le marché avait largement anticipé l'annonce de ce retard, certains analystes parlant même d'une simple "confirmation".
Et si les investisseurs montraient un tel optimisme c'est qu'EADS a relevé jeudi ses perspectives annuelles pour 2011. Il table sur un résultat opérationnel de 1,45 milliard d'euros, contre 1,3 milliard auparavant.