Le groupe Bolloré a remporté jeudi le contrat Autolib', projet de voitures électriques en libre-service à Paris et banlieue sur le modèle du fameux Vélib, dont la mise en oeuvre, prévu fin 2011, sera une "première mondiale à cette échelle", selon le maire (PS) Bertrand Delanoë.
Philosophie du projet : inciter à renoncer à sa voiture en offrant l'usage ponctuel de véhicules disponibles, peu chers, écolos. Une voiture de ce type est à même de se substituer à 5 voitures privées, selon une étude municipale.
En tout, une quarantaine de villes de la région Ile-de-France ainsi que le conseil régional participent au projet, au sein du syndicat mixte Autolib', ce qui concerne des millions d'utilisateurs potentiels.
"Il y a déjà eu quelques expériences à petite échelle. Mais le fait qu'une métropole se lance à ce niveau est une première mondiale", a souligné jeudi Bertrand Delanoë lors d'une conférence de presse de présentation.
3.000 voitures électriques devraient dans un premier temps être mises en circulation à la fin 2011 dans la métropole. Les stations seront à la charge des communes (50.000 euros par station pour 50 millions d'euros total d'investissement des communes).
L'utilisateur pourra ainsi, comme pour Vélib', prendre une voiture dans une station et la déposer dans une autre.
Bolloré a créé une voiture de quatre places ad hoc, qui sera fabriqué en Italie, à Turin. Ses batteries au "lithium métal polymère" seront produites en Bretagne, avec un temps de recharge de quatre heures.
Les abonnements coûteront 12 euros par mois, et cinq euros pour la première demi-heure d'utilisation alors qu'au départ la ville tablait sur un abonnement à 15 euros mensuel.
Selon Annick Lepetit, adjointe PS chargée des transports et présidente du syndicat mixte Autolib', "cette offre d'abonnement est moins chère que ce que nous avions mis dans le cahier des charges, ce qui nous a séduits", dans le choix du lauréat.
Le syndicat a aussi retenu le fait que 800 agents d'accueil doivent être déployés sur le terrain pour aider les nouveaux utilisateurs. De même, 70 "espaces Autolib" doivent être implantés dans Paris et les villes adhérentes pour faciliter l'information et les abonnements
En juillet, la ville avait retenu trois candidats : Bolloré, le consortium Avis-RATP développement-SNCF-Vinci Park et le groupement VTLIB' (Véolia transport urbain). Mais dès octobre, "c'est Bolloré qui s'est distingué des autres par une offre de service dans sa globalité la plus intéressante", selon Mme Lepetit.
Vanté pour son côté respectueux de l'environnement, ce projet s'est néanmoins dès le départ heurté au scepticisme des Verts qui préfèrent "l'autopartage", où l'utilisateur ramène à chaque fois le véhicule au point de départ.
Selon Denis Baupin, adjoint (EELV) chargé de l'environnement, "si l'usager ne ramène pas la voiture on va devoir envoyer des gens pour réguler ces déplacements automobiles, ce qui n'est pas très écolo".
"Maintenant que le prestataire est choisi, je suis impatient de connaître les résultats de l'étude de l'impact environnemental décidée par le Conseil de Paris", a-t-il souligné jeudi.
De plus, pour que le système "s'équilibre financièrement, il faut 220.000 abonnés pour 3.000 véhicules, c'est-à-dire à peu près un véhicule pour 75 abonnés. Dans tous les systèmes d'autopartage au monde on est dans un rapport de 1 véhicule pour 10 abonnés", fait également valoir Denis Baupin.