BERLIN (Reuters) - La Banque centrale européenne (BCE) n'essaie jamais de manipuler le taux de change de l'euro pour atteindre des objectifs en matière de commerce extérieur ou de compétitivité, déclare Michel Sapin dans un entretien publié lundi par le journal allemand Handelsblatt.
Le ministre français des Finances joint ainsi sa voix à celles d'autres responsables politiques européens rejetant les accusations de Peter Navarro, principal conseiller au commerce international du président américain Donald Trump, selon lequel l'Allemagne profite du taux de change pour favoriser ses exportations.
Selon Michel Sapin, ces attaques de Peter Navarro, déjà dénoncées par la chancelière allemande Angela Merkel, n'ont aucun fondement car l'euro évolue librement et la BCE prend ses décisions de politique monétaire de manière indépendante.
Le ministre français souligne aussi que la monnaie unique est la devise de l'ensemble de la zone euro et que c'est l'excédent de cet ensemble, pas celui de l'Allemagne, qui doit être pris en compte au niveau international.
Michel Sapin dit également avoir bon espoir de voir le président américain Donald Trump prendre rapidement conscience de l'importance des liens avec l'Union européenne pour le bien des Etats-Unis.
Il ajoute que l'Europe doit porter le niveau de ses investissements à celui qui prévalait avant la crise financière mondiale de 2007-2009. Il juge que l'Allemagne peut être plus "ambitieuse" en la matière, aussi bien pour son propre intérêt que pour celui de l'Europe.
Selon le ministre français des Finances, si les efforts ne vont que dans une seule direction, à savoir la réduction des déficits budgétaires, les ajustements nécessaires en Europe seront encore plus difficiles.
Comme la semaine dernière, Michel Sapin réaffirme que les investisseurs qui parient contre la France en raison de la possibilité d'une victoire de Marine Le Pen à l'élection présidentielle se trompent et vont perdre beaucoup d'argent.
(Andrea Shalal, Benoit Van Overstraeten pour le service français, édité par Bertrand Boucey)