Le Comité des superviseurs européens publie vendredi les résultats des tests de résistance menés sur 91 des principales banques de l'Union, une première très attendue par les marchés et qui devrait contraindre les établissements les plus fragiles à lever des fonds.
Car près de deux ans après la crise financière, l'Europe n'a toujours pas confiance en ses banques, soupçonnées de cacher encore quelques mauvaises surprises dans leur bilan.
Elles mêmes sont d'ailleurs méfiantes, comme en témoignent les réticences qu'elles ont encore à prêter à certaines des leurs.
Confidentiel jusqu'ici, l'exercice des tests de résistance a été porté sur la place publique début 2009, lorsque les régulateurs américains en ont publié les résultats pour leurs principales banques.
L'opération a été saluée par les marchés et permis à ces établissements de rebondir rapidement, après une levée de fonds massive de 75 milliards de dollars.
Ces tests sont censés rendre compte de la capacité de résistance des établissements bancaires à des conditions économiques et financières très dégradées.
Dans la foulée des Américains, une première salve de tests européens a été menée mais les résultats n'ont pas été publiés. Tout juste a-t-on pu apprendre des ministres européens des Finances, début octobre, que les banques étaient "suffisamment capitalisées".
Depuis, les appels du Fonds monétaire international (FMI) à "nettoyer les bilans" des établissements européens se sont multipliés, jusqu'au coup de chaud des marchés au printemps, qui se sont mis à craindre le pire pour plusieurs banques espagnoles.
Initialement très réticent, le gouvernement espagnol s'y est alors résigné, mi-juin, rapidement suivi par l'Allemagne. L'Union européenne s'est ensuite accordée sur une publication globale.
De l'avis général, parmi les 91 banques testées, seule une poignée pourrait ne pas franchir l'obstacle, sans doute en Allemagne, en Espagne, en Grèce et au Portugal.
Pour celles-là, le Comité des superviseurs européens (CEBS) devrait faire état de besoins en capitaux propres, qui leur imposerait de lever des fonds.
Selon Barclays et Credit Suisse, la facture totale pourrait osciller autour de 90 milliards d'euros, même si la plupart des hypothèses retenues pour les scénarios ne sont pas connues.
Un montant qui n'inquiète pas outre mesure, car si les banques devront d'abord se tourner vers le marché pour se recapitaliser, des fonds de soutien au secteur financier existent déjà en Allemagne et en Espagne et sont susceptibles de contribuer à renflouer leurs établissements.
En dernier ressort, le Fonds européen de stabilisation financière (FESF), créé au printemps pour venir en aide aux Etats de l'Union en difficulté, se tient prêt à intervenir.
"Aussi imparfaits soient-ils, ces tests pourraient déboucher sur un résultat très positif", estime Laurence Mutkin, stratégiste de Morgan Stanley.
"Plus ces résultats seront transparents, plus ça fera du bien" au secteur, ajoute un analyste, sous couvert d'anonymat, qui souligne néanmoins que la communication des régulateurs européens n'a "pas été terrible" depuis le début de la crise.
Au-delà du redressement des valeurs bancaires en Bourse, très malmenées ces derniers mois, l'enjeu est de normaliser le fonctionnement du système bancaire européen et de favoriser le crédit pour accompagner la croissance.
Le crédit nécessite, en effet, la confiance, et aujourd'hui, une centaine d'établissements européens de taille moyenne n'a plus celle de ses homologues et ne peut emprunter qu'auprès de la Banque centrale européenne (BCE), selon une source bancaire.