Le président chinois Hu Jintao a réitéré lundi à l'ouverture d'un dialogue de haut niveau avec les Etats-Unis, la volonté de la Chine de poursuivre la réforme de son taux de change, en panne depuis près de deux ans, mais sans fixer de calendrier.
"La Chine va continuer progressivement à faire progresser la réforme sur le mécanisme de taux de change du renminbi sur le principe de la prise de décision indépendante, du contrôle et du progrès graduel", a déclaré le chef de l'Etat, réaffirmant la position traditionnelle de la Chine.
Le taux de change du yuan, aussi appelé renminbi, est un sujet de contentieux entre la Chine et ses partenaires commerciaux, à commencer par les Etats-Unis, qui le jugent fortement sous-évalué en regard du poids économique de la Chine.
Cette sous-évaluation, estiment-ils, entraîne des distorsions du commerce international, permettant à la Chine de vendre ses produits à bas prix et d'être ainsi devenue l'an dernier le premier exportateur mondial.
La Chine avait désamarré le renminbi du dollar en 2005 en l'adossant à un panier de devises et le laissant fluctuer quotidiennement dans une limite donnée.
Néanmoins, depuis l'été 2008, elle a de nouveau chevillé sa monnaie au dollar, qui n'a guère bougé depuis face au billet vert, restant dans les 6,8 contre le dollar, alors qu'il s'était apprécié de quelque 21% entre 2005 et 2008.
Les partenaires commerciaux de la Chine souhaitent que Pékin renoue avec un système de changes plus souple qui permette à sa monnaie de repartir à la hausse.
Avec le retour à une forte croissance économique cette année, Pékin donnait des signes d'être prêt à sortir du dispositif de crise adopté à l'été 2008 pour laisser le yuan s'apprécier. La crise de l'euro semble avoir un peu retardé le calendrier, selon de nombreux analystes.
"La Chine pourrait vouloir attendre que le marché des devises se stabilise un peu avant d'apprécier sa monnaie", a relevé lundi dans une note Sébastien Barbé, analyste à Hong Kong de Crédit Agricole CIB.
"En Asie, le marché devrait être attentif à ce qui émerge du Dialogue stratégique et économique sino-américain, aujourd'hui et demain à Pékin. Mais le yuan pourrait bien ne pas en être la question centrale", a-t-il aussi estimé, en soulignant que la discrétion aémricaine sur le dossier ne devrait être que provisoire, si rien ne se produit avant le G-20 en juin.
La secrétaire d'Etat Hillary Clinton et le secrétaire au Trésor Timothy Geithner conduisent la délégation américaine à ce Dialogue, présidé côté chinois par le vice-Premier ministre Wang Qishan, chargé des dossiers économiques, et le conseiller d'Etat Dai Bingguo.