Les salaires des patrons de certaines entreprises, à "petite" capitalisation boursière, sont déconnectés des performances de leurs actions en Bourse, a déploré le Haut commissaire aux Solidarités actives Martin Hirsch dans une tribune parue dans les Echos lundi.
Selon M. Hirsch et Jean Gatty, président d'une société de gestion de portefeuille, qui ont co-écrit le texte, les règles de rémunération des dirigeants reposent "sur un principe implicite : peu importe le niveau des rémunérations, qui peuvent être très élevées, pourvu que leur évolution suive la performance de l'entreprise, à court et à moyen termes".
Mais, poursuivent-ils, "l'analyse de la rémunération des patrons des 90 sociétés qui composent l'indice représentatif des +petites+ capitalisations françaises (le Small 90), avec un chiffre d'affaires moyen de 375 millions d'euros, montre toutefois que le capitalisme français reste loin du compte".
Car "surprise troublante : moins l'action de l'entreprise a progressé depuis 2001, plus le patron a gagné d'argent en 2008".
Selon leurs calculs, "les 9 actions qui ont le plus progressé depuis 2001 (+640% d'appréciation moyenne) sont celles des 9 patrons les moins bien payés (203.000 euros en 2008)".
"A l'autre extrême, les 9 actions les moins performantes (76% de dépréciation moyenne depuis 2001) sont celles des 9 patrons les mieux payés en 2008, avec 675.000 euros en moyenne".
Pour les co-auteurs, "le constat est sans appel : dans ces entreprises représentatives des petites sociétés cotées françaises, à quelques exceptions près, le niveau de rémunération des patrons est inversement proportionnel à la création de valeur pour l'actionnaire".
Le patron d'EDF et Veolia, Henri Proglio, a dû renoncer la semaine dernière aux 450.000 euros annuels que devait lui verser Veolia en plus de 1,6 million perçu chez EDF.