Le gouvernement a assuré mercredi qu'une troisième hausse des tarifs d'électricité réglementés d'EDF en 2015 n'était pas déjà prévue, en plus de celles annoncées pour 2013 et 2014, même si une augmentation de 5% figure dans un projet d'arrêté envoyé la veille par ses services.
"Le projet d'arrêté soumis au Conseil supérieur de l'Energie (CSE) et à la Commission de régulation de l'Energie (CRE) ne comporte aucune mention de hausse pour l'année 2015", a déclaré à l'AFP une porte-parole du ministère de l'Ecologie et de l'Energie.
Une hausse de 5% au 1er août 2015 "sous réserve de l'évolution effective des coûts" d'EDF figure pourtant bien noir sur blanc dans un "projet d'arrêté", dont l'AFP a eu copie mercredi.
Ce document, cité mardi soir par le Figaro et envoyé en vue d'une réunion du CSE du 16 juillet, a été transmis à l'AFP par plusieurs sources distinctes. Son expéditeur initial, mardi en fin de journée, est un responsable de la Direction générale Energie climat, l'administration compétente en la matière.
Ces documents ne sont habituellement pas retouchés après envoi par la DGEC, a souligné un bon connaisseur de la procédure.
Une source gouvernementale citée par le Figaro, qui avait obtenu ce projet mardi soir, a évoqué "un cafouillage".
EDF prend encore 2%
Sur un volet moins sensible, le projet d'arrêté consulté par l'AFP indique également que les tarifs professionnels, pour lequel le rattrapage nécessaire est moins important, augmenteraient de 2,3% au 1er août 2013 pour le tarif jaune et resteraient inchangés pour le tarif vert des industriels.
Le gouvernement a annoncé lundi soir deux hausses de 5% du tarif réglementé d'EDF ("bleu" pour les petits consommateurs), la première le 1er août 2013, la seconde au 1er août 2014.
Ces fortes hausses font suite à la recommandation début juin de la CRE d'une hausse de près de 7 à 10% dès cet été, plus un rattrapage de 7,6%. La CRE calculait ensuite des hausses de l'ordre de 3% en 2014 et 2015.
S'il rompt avec des années de hausses limitées et souvent insuffisantes, l'Etat a donc encore du chemin à faire pour atteindre la barre calculée par le régulateur, alors que les associations de consommateurs s'émeuvent déjà.
Mercredi matin sur RTL, le ministre du Budget Bernard Cazeneuve n'a d'ailleurs pas exclu une troisième hausse des tarifs de l'électricité en 2015, sans néanmoins la confirmer.
La hausse de deux fois 5% correspond à un bond de 10,25% en un an. Avec une troisième hausse de 5% en 2015, la hausse atteindrait 15,8% en deux ans, un rythme historique.
La CRE a a de nombreuses reprises depuis l'an dernier évoqué un bond de 30% du prix de l'électricité d'ici 2017.
Cette hausse a plusieurs sources, notamment les investissements de sûreté dans les centrales nucléaires français après Fukushima, le renforcement et la modernisation du réseau électrique ainsi que l'essor des énergies renouvelables (ENR).
La CSPE, une taxe qui finance les ENR, les surcoûts des zones isolées ou encore les tarifs sociaux de l'électricité, devrait logiquement passer de 13,5 euros à 16,5 euros du mégawattheure en janvier, ce qui correspond à une hausse supplémentaire du prix de l'électricité de 2,5%.
Depuis la libéralisation du marché de l'électricité en 2007, nul n'est obligé de souscrire au tarif d'EDF réglementé par l'Etat, concurrencé par des offres de GDF Suez, Direct Energie, etc. Mais l'opérateur historique détient encore près de 90% des abonnés et son tarif, qui fait référence, est considéré comme trop bas par ses concurrents.
L'action d'EDF, qui avait enregistré un bond de plus de 9% mardi après les annonces des hausses de 2013 et 2014, a continué sa progression mercredi, en gagnant 2,09% à la clôture, à 19,80 euros, à ses niveaux de la fin 2011.
Cette embellie de l'action a relancé les rumeurs sur la possible vente d'une partie de la participation de l'Etat de 84,4%, le gouvernement ayant entamé une stratégie de désengagement pour nourrir les finances publiques au régime sec.