Comme prévu, les tarifs d'assurance en France vont de nouveau augmenter en 2011, après un premier relèvement en 2010, en automobile, habitation et santé, mais à un rythme moins élevé que celui des coûts supportés par les assureurs, même si les associations de consommateurs émettent des réserves.
Quelques grands acteurs comme Groupama, Allianz ou GMF n'ont pas encore fait part de leurs intentions, mais pour les autres, les hausses oscilleront entre 2,5% (Maaf et Maif) et 4,5% (Axa) en automobile.
En habitation, les augmentations seront nettement plus marquées, entre 3,5% (Maif) et près de 8% (MMA). En santé, rares sont ceux qui ont déjà communiqué, mais la tendance est à un relèvement d'au moins 5%.
Sur les trois marchés, ces hausses étaient attendues depuis plusieurs mois.
Après une année sombre en 2009, les assureurs ont en effet dû faire face cette année à une succession d'événements climatiques, de la tempête Xynthia aux inondations du Var en passant par les orages de grêle dans le Doubs.
En automobile, les assureurs ont dû faire face à l'augmentation du coût moyen des réparations, du nombre de bris de glace, ainsi que la hausse du nombre de kilomètres parcourus par les automobilistes, qui a mécaniquement engendré plus d'accidents.
La flambée des coûts a été telle, selon les assureurs, que plusieurs d'entre eux ont choisi de ne la répercuter que partiellement sur les tarifs en 2011.
La Macif assure notamment que la hausse moyenne de la cotisation d'assurance automobile (2,9%) est inférieure de plus de moitié à celle du coût d'indemnisation des sinistres (+6,5%).
"A un moment donné, si la sinistralité (proportion des sinistres rapportée à l'ensemble des assurés) se dégrade, vous êtes obligé de remonter les prix", explique Stanislas di Vittorio, fondateur du comparateur d'assurance en ligne Assurland.
"Mais si vous le faites de manière trop violente, vous allez perdre des assurés", ajoute-t-il. Plus encore que les autres, le marché de l'assurance automobile est l'objet d'une concurrence féroce et le prix y reste le premier argument.
Plutôt que d'opérer un rattrapage brutal dès 2011, certains assureurs vont donc étaler leurs hausses sur plusieurs années.
"Ces années 2010 et 2011 sont plutôt des années de transition", résume Benjamin Serra, analyste de l'agence de notation Moody's
"On va connaître plusieurs années à 5% (en assurance habitation) pour rattraper" la hausse des coûts, prévoit M. di Vittorio, pour qui "il y a des limites à ce qu'on peut imposer aux gens".
Plusieurs grands assureurs, notamment des mutualistes très présents en automobile et en habitation, prennent le risque de laisser leurs résultats se dégrader pour ne pas perdre des parts de marché.
Une stratégie qui ne plaît pas aux marchés financiers et aux agences de notation, qui tirent à nouveau la sonnette d'alarme.
Malgré cette modération affichée, cette nouvelle vague de hausse après celle de 2009 est mal accueillie par les associations de consommateurs.
"On trouve que c'est complètement exhorbitant quand on met ça face à l'évolution du pouvoir d'achat des gens", s'indigne Reine-Claude Mader, présidente de la CLCV (Consommation, logement et cadre de vie.
Souhaitant "en avoir le coeur net", la ministre de l'Economie Christine Lagarde a annoncé mardi avoir missionné la direction du Trésor et la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) "pour examiner la réalité du lien entre (la hausse de la) sinistralité et l'augmentation des primes" annoncée.