Le rebond surprise de l'industrie en avril est une bouffée d'oxygène bienvenue pour l'économie française qui pourrait marquer le début d'un lent et laborieux redémarrage après une nouvelle récession.
La production industrielle en France a fait un bond de 2,2% sur un mois après avoir reculé de 0,6% en mars, a annoncé lundi l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee). Les économistes s'attendaient en moyenne à une progression beaucoup plus modeste, d'environ 0,3%.
Dans la seule industrie manufacturière, c'est-à-dire en excluant l'énergie et le secteur minier, la production est repartie à la hausse de manière encore plus marquée, de 2,6%.
Cette augmentation "énorme" est "une bonne nouvelle, car elle atteste d'une entrée beaucoup plus solide que prévu dans le deuxième trimestre", estime dans une note Tullia Bucco, économiste de la banque Unicredit.
"Cette forte progression de la production est, de plus, portée par l'ensemble des secteurs d'activité", relève de son côté Hélène Baudchon, de BNP Paribas. Selon elle, la "mention spéciale" est décernée à l'automobile, en hausse de 4,6% sur le mois d'avril après déjà un bond de 4,3% en mars et de 3,4% en février: "sa chute de près de 13% du mois de janvier a ainsi quasiment été effacée".
Mais la plupart des secteurs grimpent, de la métallurgie-produits métalliques (+3,1%) à la chimie (+2,5%) ou encore de l'ensemble textile-habillement-cuir-chaussures (+4,4%) au produits agricoles et alimentaires (+2,3%).
Signe de la difficulté de la France à s'extirper de la crise, la production industrielle demeure toutefois, au cours des mois de février, mars et avril, inférieure de 1,8% au niveau enregistré durant la même période de 2012 (-2,3% pour la seule industrie manufacturière).
"Aucune inflexion significative"
Reste donc à savoir quelle sera la traduction des chiffres d'avril sur l'activité de l'ensemble du deuxième trimestre, alors que la France, déjà confrontée à une croissance zéro depuis un an, a replongé fin 2012 dans la récession.
La Banque de France a confirmé lundi sa prévision d'une légère reprise, avec un produit intérieur brut (PIB) qui augmenterait de 0,1% au printemps, après avoir baissé de 0,2% au dernier trimestre de 2012 et au premier de 2013.
Mais les enquêtes de conjoncture menées auprès des industriels, et plus largement de l'ensemble des chefs d'entreprise, restent plus que mitigées, malgré une certaine embellie qui commence à se manifester. Les indicateurs composites avancées de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) ne signalent ainsi "aucune inflexion significative" pour la France.
A l'heure actuelle, les enquêtes de conjoncture pourraient sous-estimer un certain redémarrage de l'activité économique", explique Tullia Bucco. "La tendance n'en est pas moins bonne", complète Hélène Baudchon, selon laquelle le moral de entrepreneurs devrait continuer de s'améliorer, grâce à l'amélioration de l'environnement extérieur "et soutenant par là même le redressement de l'activité intérieure".
Mais l'économiste de BNP Paribas reste prudente: si un retour de la croissance est "possible" au deuxième trimestre, "compte tenu des effets négatifs sur la croissance de la montée du chômage et de la restriction budgétaire", le "scénario le plus probable" reste à ses yeux celui d'une "atténuation de la récession" au printemps, "pas une sortie".