La tauromachie est une source de revenus touristiques importante pour des villes comme Arles et Nîmes, constituant un "effet levier" sur leur économie, selon des professionnels interrogés par l'AFP à la veille d'une décision du Conseil constitutionnel sur sa légalité.
Les corridas constituent le principal centre d'intérêt des Ferias, grandes fêtes populaires, souligne-t-on à l'Office du tourisme de Nîmes. Pour le président de l'Observatoire national des cultures taurines André Viard, la corrida "n'est pas en décadence", contrairement à ce que disent les associations qui y sont hostiles. Il y avait d'ailleurs 4 ou 5 élevages dans les années 1970, contre plus de 30 aujourd'hui.
La plus importante Feria d'Arles, celle de Pâques, réunit sur six jours quelque 500.000 personnes, qui dépensent en moyenne chacune quelque 100 euros, selon Christian Mourisard, président de l'Office du tourisme d'Arles.
"Seules 10% vont aux corridas", les autres profitant de l'aspect festif autour et des animations qui vont avec, dit-il. Un couple d'aficionados dépensera en moyenne 2.000 euros pour trois nuits d'hôtel, deux abonnements aux corridas et ses repas.
"La corrida a un effet levier pour notre ville, ce sont des centaines d'emplois induits", précise-t-il, même si la ville d'Arles, inscrite au patrimoine mondial de l'Humanité, reçoit des touristes toute l'année.
Cependant, pour M. Mourisard, la corrida connaît une crise depuis 2/3 ans : "les places sont relativement chères (de 15 à 100 euros, NDLR) et c'est très rare que les arènes soient pleines".
Dans le sud de la France, la Feria la plus importante reste celle de Nîmes qui organise, comme Arles, deux rendez-vous majeurs, celui de Pentecôte et celui des vendanges.
Pour Isabelle Gandiol, de l'association des commerçants "Coeur de Nîmes", "une Feria sans corrida attirera forcément moins de monde", et ce serait "une grosse perte". Selon elle, ce sont surtout les hôtels, bars et restaurants qui sont concernés, avec plutôt "des gens aisés qui ont les moyens", et notamment des étrangers.
Selon une étude de la CCI du Gard, le budget journalier lors de la Feria de Pentecôte a été cette année de 46 euros par personne et par jour, hors entrée aux arènes et hébergement, soit 10 euros de moins qu'en 2007. Le taux d'occupation moyen des hôtels a été cependant de 91,3%, contre 90,5% en 2011.
La dernière Feria des Vendanges a attiré un public nombreux, plus international qu'à l'accoutumée, avec la venue du mythique torero José Tomas qui ne toré que trois fois par an, et qui a combattu seul contre six taureaux.
Même son de cloche plus à l'ouest, où l'interdiction de la corrida en France aurait un impact économique "terrible", selon Jean-Pierre Piquemal, premier adjoint au maire de Céret (Pyrénées-Orientales).
Pendant la feria, les hôtels font le plein, les restaurants affichent, dit-il, "archi-complet". La vingtaine de bodegas tenues par des associations peuvent empocher jusqu'à 10.000 euros en deux jours.
A Dax (Landes), où les spectacles taurins attirent 63.000 spectateurs, selon la mairie, les conséquences de l'interdiction de la corrida "seraient dramatiques". Une interdiction "retentirait sur l'attractivité de nos fêtes et aurait des retombées économiques sur l'hôtellerie, la restauration, le milieu associatif", déclare à l'AFP la maire de Mont-de-Marsan, Geneviève Darrieusecq, présidente de l'Union des villes taurines de France (UVTF).
A Bayonne, sous la pression des anti-corrida, le lunetier Alain Afflelou a retiré son sponsoring de 500.000 euros.