Pour dire non à l'austérité et exiger une autre répartition des richesses, plusieurs dizaines de milliers de personnes ont défilé mardi en France lors d'une journée d'action interprofessionnelle en demi-teinte, marquée par peu de grèves et des perturbations limitées dans les transports.
Selon le ministère de l'Intérieur, 145.000 manifestants ont été comptabilisés dans toute la France.
Selon des estimations de la CGT basées sur 150 des 200 manifestations prévues, 270.000 personnes ont répondu présent, dont 9.500 lycéens (selon l'UNL).
"Une autre répartition des richesses. Pour l'emploi, les salaires et la protection sociale. Ce n'est pas aux salariés de payer la crise", proclamait la banderole de tête du cortège parisien qui a réuni 16.000 personnes selon la préfecture de police, 25.000 selon la CGT.
Les confédérations CGT, CFDT, FSU, Unsa et Solidaires, exigeant "des mesures d'urgence", n'avaient cependant pas lancé d'appel national à la grève.
Ne s'attendant pas, à quelques mois de la présidentielle, à la mobilisation massive de l'an dernier contre la réforme des retraites, elles ont misé sur une journée décentralisée, avec des actions plus symboliques, sectorielles et locales.
Ils étaient 5.300 à Marseille selon la préfecture, 30.000 selon les organisateurs, avec Bernard Thibault en tête de cortège juste devant les salariés de l'usine Fralib de Gémenos, menacée de fermeture.
Le secrétaire général de la CGT a demandé au gouvernement de "changer d'optique" car "loin de nous sortir de la crise économique, cette austérité salariale, cette précarité sociale vont nous enfermer dans la récession et tout le monde va y perdre".
Le numéro un de la CFDT François Chérèque a misé lui sur une "action symbolique" place de la Bourse à Paris pour dénoncer "l'injustice" du plan anti-déficit du gouvernement qui, selon lui, fait payer les salariés six fois plus que les riches.
Pour Annick Coupé, déléguée générale de Solidaires, "c'est le moment de relever la tête et de dire stop à l'austérité".
FO, qui avait organisé une journée d'information le 20 septembre, s'est abstenue, de même que la CFE-CGC qui a opté pour "consultation nationale" des salariés.
A Toulouse (entre 3.200 et 7.000 manifestants), les salariés de l'américain Freescale (ex-Motorola) ont dit "non aux licenciements", alors qu'à Bordeaux (entre 4.800 et 11.000 participants) la CGT de Ford était particulièrement représentée, tout comme celle d'Ipsos, ainsi que de nombreuses professions médicales et organismes de prestations sociales.
A Rouen, les manifestants (entre 3.000 et 5.000) ont remonté la rue Jeanne d'Arc, la "rue des banques", en distribuant des faux euros estampillés de slogans: "pour une autre répartition des richesses taxons le capital" ou "pour une autre richesse, augmentons les salaires".
La mobilisation a provoqué quelques perturbations dans les transports: le trafic ferroviaire a été légèrement affecté, avec trois TGV sur quatre, mais la circulation revenait "à la normale" en fin d'après-midi selon la direction, selon qui le taux de grévistes était de 20,57% (25% selon la CGT Cheminots).
A la RATP, le trafic en début de soirée était quasi-normal, hormis quelques perturbations comme sur le RER B avec un train sur deux en circulation.
Dans les transports urbains, 39 préavis ont été déposés mais le service était assuré quasi-normalement sur la totalité des réseaux.
Quelques préavis de grève ont aussi été déposés, notamment dans la fonction publique: 6,8% de grévistes dans la Territoriale, 3,83% pour l'Hospitalière et 4,17% dans la Fonction publique de l’Etat (3,25 % dans l'Education nationale). A la Poste, le taux de grévistes était de 6,91% à 10H00, de 6,08% à Pôle emploi le matin, selon les directions respectives.
Toutes les cantines scolaires étaient par ailleurs fermées à Toulouse et Montpellier, 43 à Bordeaux, selon la CGT.