L'inflation s'est accélérée en 2011, atteignant 2,1%, dopée par les prix de l'énergie et de l'alimentation et son ralentissement attendu devrait tarder, en raison des hausses d'impôts et du prix du gaz.
En moyenne, les prix en France ont augmenté de 2,1% entre 2010 et 2011, a indiqué jeudi l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee). Ils étaient en hausse de 1,5 % entre 2009 et 2010.
L'évolution d'une année sur l'autre se caractérise à nouveau par une forte hausse des prix de l’énergie. Ceux-ci ont, entre 2010 et 2011, augmenté de 12,3% après avoir progressé de 10,0% entre 2009 et 2010.
L’année 2011 a été aussi marquée par un renchérissement des produits alimentaires hors produits frais (+2,4%), indique l'Insee.
Ces deux catégories de prix déforment la tendance. L'inflation sous-jacente, c'est-à-dire hors prix volatils (produits pétroliers, produits frais...) et prix administrés (électricité, gaz, tabac...), est de seulement 1,1%, relève Hélène Baudchon, économiste France de BNP Paribas.
"Il n'y a donc pas de pressions inflationnistes qui soient de nature à nous inquiéter", a-t-elle tempéré. Selon elle, le ralentissement attendu de l'inflation sous l'effet d'une croissance en berne (qu'elle prévoit à 0,3% seulement en 2012) pourrait cependant tarder et ne pas pas être très marqué.
"Il ne faut pas s'attendre à un ralentissement franc de l'inflation dans la mesure où +l'effet croissance+ sera compensé par celui des hausses de prix du gaz, des taxes sur les alcools forts et les boissons sucrées et de l'introduction d'un nouveau taux réduit de TVA à 7%" au lieu de 5,5%, a-t-elle analysé, interrogée par l'AFP.
Même limitée et ne portant que sur des produits et services spécifiques, cette hausse de la TVA devrait se traduire selon elle par une hausse 0,2 point du taux d'inflation et devrait se manifester dès le début de l'année. Le prix du gaz a lui augmenté de 4,4% au 1er janvier.
BNP Paribas prévoit une inflation moyenne de 2,1% en 2012 comme en 2011, "qui masque une décélération au fil de l'année de l'inflation en glissement annuel", précise son économiste chargée de la France. En 2013, l'inflation moyenne devrait avoir décéléré à 1,8%, estime Mme Baudchon.
Michel Martinez, économiste en chef France de Société générale prévoit une inflation plus forte en 2012 (2,4%).
Les deux économistes soulignent que la TVA sociale, si elle est introduite, renforcera la hausse des prix et que le niveau d'inflation dépendra également de l'évolution de l'euro par rapport au dollar. Si la monnaie européenne continue de baisser, le renchérissement des produits énergétiques importés pèsera également sur l'inflation.
"Le ralentissement de l'inflation va tarder à se matérialiser", estime ainsi M. Martinez.
"Plus ce ralentissement tardera à se matérialiser et plus le pouvoir d'achat sera soumis à la pression", poursuit Mme Baudchon qui anticipe un léger recul de celui-ci début 2012.
Moyennes annuelles et glissements annuels sont des concepts différents. Le premier s’appuie sur l’ensemble des prix d’une année et peut être comparé d’une année sur l’autre. Le second s’appuie sur les prix observés sur un seul mois d’une année donnée qui, rapportés à ceux du même mois de l’année précédente, fournissent le glissement annuel, a expliqué l'Insee.