L'agence de notation financière Standard and Poor's a relevé vendredi d'un cran la note de la dette à long terme de l'Espagne, de "BBB" à "BBB+", saluant les réformes du marché du travail à moins de trois mois d'élections législatives.
Cette note est assortie d'une perspective stable, selon un communiqué, ce qui signifie que SP n'envisage pas de la modifier pour l'instant.
"L'économie espagnole a bénéficié à deux reprises de réformes du travail depuis 2010, qui ont amélioré la compétitivité des exportations et du secteur des services", relève SP, qui appelle à encore plus de flexibilité.
Un premier train de réformes a été adopté en 2010 sous le gouvernement du socialiste José Luis Zapatero, qui comprenait notamment une réduction des indemnités de licenciement et un accès plus restreint aux allocations chômage.
Elles ont été suivies par d'autres mesures d'austérité sous le gouvernement du conservateur Mariano Rajoy, arrivé au pouvoir en 2011, pour tenter de faire face à l'explosion du taux de chômage pendant la crise.
L'éclatement d'une bulle immobilière en 2008 avait fait plonger la quatrième économie de la zone euro dans sa plus grave crise depuis l'avènement de la démocratie après la mort du dictateur Franco en 1975.
La croissance a fait son retour en 2014, avec une progression du produit intérieur brut (PIB) de 1,4%.
Cette reprise devrait se consolider avec une progression de 3,3% cette année et de 3% en 2016, selon les prévisions du gouvernement conservateur de Mariano Rajoy.
Le relèvement de la note "est un signal de confiance dans l'économie espagnole et son futur", s'est félicité le ministre de l'Economie Luis de Guindos lors d'une rencontre avec la presse.
Standard and Poor's est un peu plus prudente puisqu'elle table sur une croissance moyenne de 2,7% entre 2015 et 2017, contre 2,2% dans ses dernières prévisions remontant à avril.
Selon l'agence de notation, l'Espagne devrait continuer à profiter des réformes du marché du travail et de l'accès au crédit devenu plus facile pour ses banques et ses entreprises.
"L'économie espagnole est plus ouverte qu'il y a sept ans" et ses exportations devraient représenter 34% de son PIB à la fin de l'année, contre 25% en 2008, relève SP.
Elle reste en revanche confrontée à un déficit important et "un tour de vis budgétaire supplémentaire sera certainement nécessaire si l'Espagne veut atteindre son objectif" d'un déficit quasi nul en 2018.
SP ne se montre pas trop inquiet du résultat des prochaines élections législatives du 20 décembre, même si le Parti populaire de Mariano Rajoy est menacé de perdre la majorité absolue au Parlement, voire le pouvoir, et que le parti anti-austérité Podemos, allié du grec Syriza, pourrait gagner en puissance.
Une large partie de la population dit ne pas sentir les effets de la reprise économique amorcée depuis 2013.
Le chômage dépasse encore 22% de la population active, le taux le plus élevé dans l'Union européenne après la Grèce.
Concernant la Catalogne, où les indépendantistes viennent de gagner la majorité des sièges au Parlement régional, les analystes de SP estiment que cette riche région du nord-est du pays "continuera à faire partie de l'Espagne". L'hypothèse contraire affaiblirait l'économie espagnole, avertit l'agence de notation.