La Réserve fédérale américaine (Fed) a "agi avec la plus parfaite probité" en ce qui concerne le rachat de Merrill Lynch par Bank of America, a affirmé jeudi son président, Ben Bernanke, devant une commission de la Chambre des représentants à Washington.
Affirmant n'avoir pas été mêlé de près ou de loin à l'annonce de cette fusion, mi-septembre, en plein coeur de la crise bancaire et financière, M. Bernanke a reconnu avoir conseillé en décembre aux dirigeants de Bank of America (BofA) de ne pas renoncer au rachat de Merrill Lynch.
"Le 17 décembre, la direction de Bank of America a informé la Fed pour la première fois que, à cause de pertes importantes de Merrill Lynch au quatrième trimestre de 2008, Bank of America envisageait de ne pas aller au terme de l'acquisition de Merrill Lynch", a déclaré M. Bernanke devant la Commission parlementaire chargée du contrôle et de la réforme du gouvernement.
M. Bernanke a indiqué avoir alors déconseillé au président de BofA, Kenneth Lewis, d'agir de la sorte. Etant donné les circonstances, a-t-il dit, cela "aurait pu déboucher sur une crise du système [financier] encore plus grande", mais aussi se révéler extrêmement coûteux pour Bank of America, étant donné les termes de l'accord entre les deux banques.
M. Lewis a témoigné qu'à cette époque le patron de la Fed et le secrétaire au Trésor d'alors, Henry Paulson, avaient tout fait pour le convaincre de mener à bien la fusion, allant jusqu'à indiquer que lui et son conseil d'administration pourraient être limogés.
M. Lewis s'est néanmoins refusé à faire état de "menaces", potentiellement illégales, témoignant il y a deux semaines devant la commission que la Fed et le Trésor avaient agi de manière bien intentionnée dans cette affaire.
M. Bernanke a indiqué pour sa part que personne à la Fed n'avait "ordonné, demandé ou conseillé" à BofA de cacher l'étendue des pertes de Merrill à ses actionnaires afin d'éviter que l'opération de rachat échoue.
"La décision d'aller de l'avant dans cette fusion est restée entre les mains de la direction" de BofA, a déclaré M. Bernanke.